Blog-notes – Billet 1

Blog-notes – Billet 1

J’inaugure aujourd’hui ce blog-notes au cœur d’une séquence politique toujours en cours, lourde de développements périlleux, mais qui a le mérite de montrer à qui en doutait, l’idéal de justice et de solidarité que défendent la grande majorité de nos concitoyens. Ce blog-notes accueillera fréquemment les analyses, les réflexions et les commentaires que m’inspire l’actualité. L’évolution de la France bien sûr, mais pas seulement. L’évolution politique, mais pas uniquement. J’accorde volontiers qu’il n’y a pas là grande originalité. Pendant trente ans, Léon Blum écrivit quasi-quotidiennement l’édito qui trônait fièrement en première page du Populaire. Avant lui, Jean Jaurès, rédigeait ou, lorsqu’il était loin des bureaux de la rue de Richelieu où l’Humanité avait son siège, dictait – parait-il sans notes – les paragraphes qui ouvraient chaque numéro du journal. Et je ne parle là que des grands leaders de ce Parti centenaire dont je préside désormais aux destinées, avec l’humilité qui convient devant un tel héritage. Depuis plus d’un siècle qu’ils forment officiellement un parti uni, combien de pages les socialistes ont-ils noircies ? L’intelligence socialiste accumulée est un continent dans lequel j’irai fréquemment puiser parce qu’elle a toujours quelque chose de fondamental à dire au monde. C’est le sens de mon engagement. Ce sera l’une des raisons d’être de ce blog-notes.

S’il me fallait donner une seule preuve de cette intelligence socialiste sédimentée, jetez un coup d’œil rapide à l’édito du premier numéro de L’Humanité paru il y a 119 ans presque jour pour jour. Je vous en livre quelques passages pour en relever l’actualité.

Notre but ? « C’est à la réalisation de l’Humanité que travaillent tous les socialistes ». Refusant d’opposer la fin aux moyens, Jaurès condamne le recours à la violence : « À mesure que se développent chez les peuples et les individus la démocratie et la raison, l’histoire est dispensée de recourir à la violence. Que le suffrage universel s’affirme et s’éclaire ; qu’une vigoureuse éducation laïque ouvre les esprits aux idées nouvelles, et développe l’habitude de la réflexion : et la grande transformation sociale qui doit libérer les hommes de la propriété oligarchique, s’accomplira sans les violences qui, il y a cent ans, ensanglantèrent la Révolution démocratique et bourgeoise, et dont s’affligeait, en une lettre admirable, notre grand communiste Babeuf. »

Pour servir cet objectif, il réfute l’idée de gauches irréconciliables à une époque où pourtant les différences étaient d’une toute autre ampleur qu’aujourd’hui : « Socialistes révolutionnaires et socialistes réformistes sont avant tout, pour nous, des socialistes. Nous savons que dans les deux fractions socialistes, les dévouements abondent à la République, à la pensée libre, au prolétariat, à la Révolution sociale. Sous des formules diverses, tous les socialistes servent la même cause. Et l’on verra à l’épreuve que, sans rien abandonner de nos conceptions propres, nous tâcherons ici de seconder l’effort de tous. »

Depuis plus d’un siècle, ceux qui ont tout à redouter de l’unité de la gauche tentent, par les mêmes méthodes, de nous diviser et de nous décrédibiliser. Rien de neuf donc. L’unité de la gauche est non seulement la condition de sa victoire électorale mais aussi la condition de sa réussite au pouvoir.

L’édito de Jaurès se termine sur l’importance pour le socialisme de disposer de canaux d’expression indépendants. C’est pour moi aussi un motif au lancement de ce blog-notes. Il sera un espace de liberté. A l’écart de la recherche du buzz, du clash, du manque de temps alloué pour aller au bout de ses raisonnements. Celui-ci sera le mien. En y racontant mes rencontres, mes discussions, mes déplacements, j’espère aussi y faire entrer celles et ceux qui contribuent aujourd’hui à remettre le socialisme à flot, celles et ceux qui nous rejoignent, qui nous inspirent, qui nous bousculent, qui nous émeuvent, celles et ceux pour qui l’on continue le combat. Je tenterai, autant que possible, de me tenir moi-même par ce que j’appellerai une éthique socialiste de l’écriture, dont Jaurès lui-même fixait les règles dans ce glorieux édito. Je lui laisse donc le mot de la fin : « C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les évènements du monde. La grande cause socialiste n’a besoin ni du mensonge, ni du demi-mensonge, ni des informations tendancieuses, ni des nouvelles forcées ou tronquées, ni des procédés obliques ou calomnieux. Elle n’a besoin ni qu’on diminue et rabaisse injustement les adversaires, ni qu’on mutile les faits. Il n’y a que les classes en décadence qui ont peur de toute la vérité. […] Ce souci constant et scrupuleux de la vérité, même dans les plus âpres batailles, n’émousse pas la vigueur du combat : il donne au contraire aux coups portés contre le préjugé, l’injustice et le mensonge une force décisive. »