L’évèque des rats

L’évèque des rats

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Depuis quelques jour le scandale a son visage. Un visage de vieux beau. l’élégance sobre. Col romain et discrète bordure pourpre pour souligner la coupe de son habit noir de clergyman. Cheveux court totalement blanc. Un personnage de roman de Morris West.

Mgr Richard Williamson est paraît-il évêque intégriste. Jusqu’ici, ni vous ni moi, n’avions entendu parler de lui. Cela aurait très bien pu continuer ainsi.  Benoit XVI en a décidé autrement en considérant qu’il y avait une urgence à ce que l’église catholique réintègre cette fraction dont les dérives dépassent le folklore des messes en latin. Pour tous ceux qui ont déjà une fois été convoqués à une convention, un congrès, un conseil national à la maison de la Mutualité qui jouxte l’église St-Nicolas-du-Chardonnet, refuge des fidèles de feu Mgr Lefebvre, le doute n’est pourtant guère permis sur la culture politique de ces pratiquants-là… Les lectures en vente à la sortie de l’office sont sans équivoque (1).

L’évèque Williamson qui – jusqu’ici – était encore frappé d’excommunication a tout simplement déclaré la semaine dernière : « Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz (…) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz« . Enorme.

Ses regrets sont pires encore. Il  a exprimé vendredi ses « regrets sincères« , mais pour les « souffrances » causées…  au pape Benoît XVI par ses « remarques imprudentes« . Honteux. En d’autres mots, persiste, signe et adresse un joli bras d’honneur au monde entier.

Williamson vit en Amérique latine. Parfum d’hier, odeur de rats. Il est Résident en Argentine. Destination autrefois desservie par la « ratline« , la filière d’exfiltration de nombreux criminels nazis,  le « chemin des rats » emprunté par Mengele ou Eichmann en 1945.

Les rats qui apportent la peste. Ce « bacille de la peste » qui – nous prévient Albert Camus –  » ne meurt ni ne disparaît jamais« , qui « peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge« , il « attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses« . Peut-être, le jour viendra « où pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste » réveillera « ses rats » et les enverra « mourir dans une cité heureuse« .

Enfant, mon père m’avait emmené rencontrer Martin Gray (2) dans le massif du Tanneron où il habitait. Je me souviens encore trente ans après de son visage. De son regard borgne où alternaient la tristesse des souvenirs du ghetto de Varsovie, des camps de la mort d’Auschwitz ou Treblinka et le sourire lumineux de celui qui avait fait de la reconstruction, sa vengeance contre tous les bourreaux. Je ne l’ai jamais oublié.

Enfants, ma fille et mes fils auront croisé le regard télévisé de Richard Williamson. L’autre face, la face noire de la médaille.

En s’exprimant ainsi, ce n’est pas seulement la mémoire des victimes de la Shoah que Williamson insulte, c’est l’Homme qu’il nie et l’image d’un Dieu qu’il prétend servir qu’il détruit. Mais pourquoi diable Benoit XVI ne le dit-il pas ?

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(1) Au hasard du web je viens de tomber sur une itw que l’évèque a donné au blog tenu par les intégristes de la fraternité St Pie X en juin 2008. Je vous renvoie notamment à ce qu’il dit du dialogue interreligieux. Visiblement cet homme ne cache pas sa pensée toute en nuances… http://christus.imperat.over-blog.com/article-20451609.html

(2) Auteur de « Au nom de tous les miens« , autobiographie dans laquelle il raconte le destin tragique de sa famille.