Ici bas ou au delà?

Ici bas ou au delà?

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Nous sommes le pays de la laïcité. Si ! je le jure. C’est une invention à nous. A côté de la République on a inventé ça. Un concept qui permet de dire tout à la fois : liberté, égalité et fraternité. Un concept trois en un.
Je sais, ce n’est plus aussi évident depuis que le président de la République tente de réveiller les mémoires catholiques endormies. A l’écouter nous serions surtout la « fille aînée de l’église ». Celle de Rome. Cela va sans dire. Même Benoit XVI n’en demandait pas tant.
On savait que le chef spirituel de l’UMP avait un talent proche de celui des télévangélistes, mais de là à ce qu’il en adopte aussi les sermons…

Attention, celui qui écrit ces lignes veut éviter le bûcher. Alors avant que le procès en sorcellerie ne lui soit intenté, il préfère préciser que, laïque, il souhaite le respect de toutes les religions et de tous les croyants. Mais aimerait que l’on ne confonde pas sphère privée et publique.
Il y a ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas. Cela regarde chacun. Et puis il y a l’Etat qui n’est soumis à aucune religion, idéologie, philosophie. Et cela nous regarde tous.

Nicolas Sarkozy mélange dangereusement les genres. Parle en chef des chrétiens aux fidèles musulmans à Constantine ou à Riyad. Affirme qu’il n’est pas d’autre spiritualité que religieuse, oubliant que de Spinoza à Camus, il existe aussi une spiritualité sans Dieu. Dérape quand il croit pouvoir dire que « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le Bien et le Mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » (au passage on notera que le rabbin et l’imam ne sont pas cités).

S’il est une politique de civilisation que nous devons transmettre, c’est bien celle qui a permis dans notre pays à des femmes et des hommes de confessions ou philosophies différentes de vivre et construire ensemble sans chercher à s’imposer un modèle, une foi, une espérance.

Mais est-ce vraiment le souci de Nicolas Sarkozy? Cette dérive ne traduit-elle pas un désarroi politique plus profond. Comme si le chef de l’Etat n’ayant plus rien à promettre ici bas, se proposait désormais de nous faire rêver au-delà…