Kadhafi, « l’homme qui valait 10 milliards »…

Kadhafi, « l’homme qui valait 10 milliards »…

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Entre deux réunions, je passe la tête par la fenêtre de mon bureau. Devant le perron de l’hôtel de Lassay, résidence du président de l’Assemblée nationale, c’est l’apparat des grands jours : tapis rouge, motards, policiers en civil et en tenue, huissiers à chaine et queue de pie, garde républicaine… rien n’a été oublié.Ou plutôt si. Tout !

Où sommes-nous ? A l’Assemblée Nationale, fondée justement sur les valeurs universelles des droits de l’Homme et du citoyen. Et à qui déroule-t-on le tapis rouge? Au colonel Kadhafi, c’est-à-dire un dictateur qui prolonge son pouvoir sur la négation de ces mêmes valeurs de démocratie et de respect de la personne humaine.

C’est ici qu’il y a quelques jours, dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur la libération des infirmières bulgares présidée par Pierre Moscovici, le médecin palestinien (ex co-détenu) est venu témoigner des tortures endurées, des sévices sexuels subis pendant leur longue détention. « l’enfer sur terre » a-t-il dit. C’est ici que le président de l’Assemblée reçoit le preneur d’otage qui n’a jamais reconnu l’innocence de ses victimes.

Il est vrai que la politique diplomatique de la France ne peut se limiter aux dirigeant vertueux, car avec qui converserions-nous ? Mais les cinq jours de réception sur notre sol, le statut de la visite comme le passage à l’assemblée sont totalement démesurés.

Il est vrai que nous devons encourager toutes les évolutions positives, mais desquelles parlons-nous? A la veille de son arrivée, le colonel Kadhafi a réaffirmé que le terrorisme pouvait être l’arme légitime des pauvres.

Il est vrai que la France fait du commerce, mais nos soucis marchands doivent-ils nous convaincre d’abdiquer tous principes pour quelques hypothétiques marchés (rien n’est vraiment signé)? Surtout trouvons-nous totalement logique de nous précipiter pour vendre des armes et la technologie nucléaire à un tyran qui n’a jamais hésité à en faire usage?

Il est vrai que nous avons un président hyperactif, mais cela doit-il systématiquement le conduire à contredire ses propos de campagne ? Qu’il sagisse de Poutine, de la Chine, ou de la « realpolitik », Nicolas Sarkozy prend un malin plaisir à faire l’inverse de ce sur quoi il s’était précisément engagé.

Finalement cette visite n’aura eu qu’une vertu, celle de révéler le cynisme total de Nicolas Sarkozy.