Intolérable violence

Intolérable violence

Avec des élus de tous horizons, je co-signe cette tribune dans le JDD pour condamner les violences et intimidations qui se multiplient ces temps-ci.

L’intégralité des signataires est disponible ici

 

 

« Comme si la violence des réseaux sociaux sous couvert d’anonymat ne « suffisait » plus, nous assistons à des actes de plus en plus graves, des intimidations et des dégradations au domicile de certains élus : le 25 septembre 2021 chez Christian Estrosi ; le 22 décembre 2021 chez Sandrine ­Rousseau ; le 29 décembre chez Pascal Bois, dont le garage a été incendié ; le dimanche 9 janvier visant Stéphane Claireaux, victime de jets d’algues et de pierres devant sa maison à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Au cours de l’année 2021, 1.186 élus ont été pris pour cible. Soit 47% de plus qu’en 2020. Dont 162 parlementaires et 605 maires ou adjoints victimes d’agressions physiques. Depuis le début du mois de janvier, 60 élus ont été menacés. En tout, 300 plaintes ont été déposées depuis le mois de juillet dernier, date de l’entrée en vigueur du passe sanitaire. C’est la réalité d’une démocratie malade. La réalité d’une partie de notre République qui considère ses élus, ses représentants, architectes et intendants du quotidien comme l’exutoire de tous ses maux. Jusqu’où laisserons-nous la violence croître? Jusqu’à quel point accepterons-nous de nous laisser intimider, de voir la parole publique menacée?

Cet appel a vocation à être une alerte collective partagée par toutes les formations républicaines de notre pays et par le gouvernement. Le respect de la vie démocratique n’est pas l’apanage de la droite, de la gauche ou du centre. Le respect de la vie démocratique est l’affaire de toutes et tous. Il n’y a pas de « oui, mais… ». Quels que soient nos désaccords politiques, on ne peut transiger avec les violences et les intimidations, d’où qu’elles viennent, à qui elles s’adressent. Nous voulons collectivement réfléchir et trouver des solutions aux causes de ces violences qui non seulement touchent les élus, mais aussi d’autres professions en prise avec le public : praticiens hospitaliers, instituteurs et professeurs, journalistes… Notre statut d’élus et de représentants du peuple nous oblige à donner l’exemple. Sur ce sujet, nous devons être irréprochables, unanimes et fermes.

A nous de réfléchir avec la société civile sur l’affaiblissement des partis, des syndicats, des associations…, corps intermédiaires qui participaient à la structuration de la société en exprimant les revendications sociales et les réalités du pays et qui, par leur affaiblissement, laissent de plus en plus de nos concitoyens seuls « au bord de la route ». Un isolement qui crée de la colère et engendre de la violence. A nous de réfléchir aux dangers de l’immédiateté, de la course au buzz, notamment dans le traitement de l’information, qui conduit à des interventions souvent sans hauteur de vue, parfois irréfléchies ou caricaturales, voir non empathiques. Ce jeu est souvent joué et le constat est implacable : la mise en danger du débat public, et avec lui du droit à la contradiction et à la nuance.

Nous ne pouvons nous résoudre collectivement à ce que nos désaccords se traduisent en actes de violence, d’intimidation ou de harcèlement contre tel ou tel. Nous ne pouvons nous résoudre collectivement à ce que l’anonymat des réseaux sociaux donne lieu à des campagnes de harcèlement. Nous sommes inquiets. Aussi, nous vous appelons collectivement, représentants des institutions, parlementaires, journalistes, citoyens, à un sursaut républicain pour préserver notre démocratie et protéger notre liberté d’expression. Ne pas se laisser enfermer par la peur. Tel est l’enjeu. »