Le Parti socialiste vit un moment important de son histoire. Il sort d’une crise violente qui a changé son rôle au sein des forces de gauche. Pour la première fois depuis de nombreuses années, il pourrait ne pas y avoir de candidature socialiste à l’élection présidentielle. Nous avons souhaité rencontrer Olivier Faure afin de l’interroger sur l’actualité de son mouvement, son rapport à l’écologie et aux transformations idéologiques et culturelles qui sont en cours. Entretien réalisé par Lenny Benbara et retranscrit par Dany Meyniel.


LVSL – Le Parti socialiste a connu une déconvenue cinglante en 2017, mais il a récupéré une partie de son attractivité à l’occasion des élections municipales. Cependant, 8% des français le considèrent comme la principale force d’opposition. Quel rôle le PS peut-il assurer à l’occasion de l’élection présidentielle ?

Olivier Faure –C’est un artéfact, quelle est la réponse attendue par les Français ? Quel est celui qui est le plus opposé au président de la République ? Forcément, il s’agit de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, suivant les époques, car ils sont dans une contestation qui est bien plus radicale que celle que nous pouvons porter. De ce fait, ils sont vus comme des opposants plus brutaux au pouvoir actuel. Est-ce que, pour autant, cela signifie que les Français sont prêts à les choisir pour gouverner demain, en lieu et place d’Emmanuel Macron ? Je ne le crois pas. Il y a un plafond de verre qui subsiste à leur endroit, parce qu’ils ont un cercle qui les accompagne, mais malheureusement pour eux, ils sont dans l’incapacité d’incarner demain le centre de gravité du pays.

Quel est le rôle que j’entends donner au Parti socialiste ? Depuis trois ans que je suis le premier secrétaire du Parti, j’ai toujours cherché à avoir un discours qui est double, non pas au sens où je jouerais sur deux tableaux, mais au sens où je veux avoir un discours qui soit à la fois valable pour ce qu’est le Parti socialiste et qui soit aussi adapté pour l’ensemble de la gauche et de l’écologie. Ainsi, je considère que mon rôle ne peut se limiter simplement à l’expression d’un seul parti. Nous sommes dans un moment où il n’y a plus de parti hégémonique à gauche. Personne n’est aujourd’hui capable d’incarner à lui seul l’ensemble de ce camp politique : le bloc social et écologique.

Je veux donc permettre à la fois la réaffirmation du Parti socialiste et du socialisme, un siècle après Jaurès. Qu’avons-nous encore à raconter ? Le message qui a été le nôtre est-il épuisé ou, au contraire, a-t-il réussi à se revivifier comme à certaines époques ? Peut-il être hybridé par d’autres cultures politiques, comme celle de l’écologie, ou est-ce un message achevé ? Mon « en même temps » à moi c’est penser non seulement à l’échelle socialiste, mais aussi à l’échelle de la gauche et de l’écologie si nous voulons être en situation de l’emporter et de s’engager en 2022.

Il ne s’agit pas seulement de battre Emmanuel Macron. Cela peut être un objectif en soi, mais ça ne suffit pas. Il faut d’abord gagner 2022 en ayant en tête les effets de levier successifs : il suffit aujourd’hui de faire entre 20 et 25% au premier tour, pour ensuite en faire plus de 50 au second, avant d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Mais cela ne donne aucune garantie sur la capacité à transformer le pays ! Quand on part d’aussi bas et qu’on ne construit pas une majorité sociologique, politique, culturelle et morale, nous sommes alors totalement impuissants en arrivant au pouvoir. C’est d’ailleurs ce que subit Emmanuel Macron qui, pourtant, avec les effets de levier que je mentionnais, a fait 25%, puis plus de 50%, et a obtenu une majorité écrasante à l’Assemblée. Or, au bout d’un an, il a été contesté par les gilets jaunes ; au bout de deux, par un des plus longs mouvements sociaux sur les retraites ; aujourd’hui, chaque semaine, par les françaises et les français sur sa gestion de la crise sanitaire économique et sociale liée à la Covid. D’autre part, il s’agit d’exercer réellement le pouvoir. En effet, nous nous rendons bien compte que la question n’est pas seulement d’occuper le pouvoir, mais de l’exercer vraiment et ainsi transformer le pays. Les grandes mutations à opérer supposent une vision qui ne soit ni étroite, ni partisane ni égoïste. Je parle d’égoïsme car s’agissant de Jean-Luc Mélenchon, c’est ce que je pense.

LVSL – Jean-Luc Mélenchon a annoncé il y a peu sa candidature. Au-delà de l’opportunité de se présenter ou non, que représentent à vos yeux la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon ?

O.F. – C’est une des sensibilités qui, aujourd’hui, à gauche, draine une partie de ceux qui se reconnaissent dans cette famille de pensée. J’ai beaucoup de désaccords avec lui, mais je pense qu’il représente quelque chose et qu’on peut difficilement considérer et traiter par le vide ce qu’il a accompli depuis qu’il a lancé son propre mouvement. La personnalité-même de Jean-Luc Mélenchon est une personnalité qui compte dans le débat politique et dont on ne peut pas faire abstraction.

Il y a quelques mois, on me demandait qui pourrait-être le ou la candidate de la gauche et de l’écologie. Aujourd’hui, la question n’est plus celle-ci : elle est de savoir qui ne se proclame pas comme étant le candidat de la gauche et de l’écologie… Il y a tellement de candidats potentiels sur les rangs que nous voyons bien que les TGV démarrent et qu’ils se préparent tous à rentrer en collision les uns avec les autres ! Or cela n’aboutira qu’à un seul résultat : après avoir expliqué pendant cinq ans, jour après jour, que Macron ce n’est plus possible, tous ces gens-là se préparent en réalité à lui dérouler le tapis rouge et à lui offrir un second mandat. Que veut-on ? Pense-t-on vraiment que, finalement, ce n’est pas si grave qu’il fasse un second mandat ? Auquel cas, on continue comme on a commencé, c’est parfait ! Sinon, on considère que personne ne peut demander la reddition des autres, ce qui suppose une forme de convergence où personne ne retrouvera cent pour cent de ce qu’il pense. Il s’agit d’obtenir un compromis actif sur lequel on se mette d’accord pour cinq ans afin de gouverner ensemble. Après quoi, chacun reprendra sa propre liberté et étudiera  la possibilité de renouer un accord ou de ne pas le faire. Mais penser que l’on peut réduire tous les autres à sa propre pensée, c’est une erreur colossale parce qu’elle ne conduit nulle part.

LVSL – Arnaud Montebourg vient de faire paraître un ouvrage dans lequel il fustige les renoncements du quinquennat Hollande. Contre les choix passés du PS, il promeut un État stratège, la souveraineté et défend le protectionnisme. Cette doctrine est-elle compatible avec celle du PS ?

O.F. – N’ayant pas encore lu l’ouvrage d’Arnaud Montebourg, je ne sais pas ce qu’il y écrit. Je le devine, mais il y a beaucoup d’éléments où tout dépend du curseur. Je le reconnais : il y a un lien étroit entre souveraineté et démocratie ; un lien étroit entre santé et souveraineté, comme on peut le voir avec la crise sanitaire actuelle. Si l’idée est de revenir à plus de souveraineté pour nous permettre d’assurer notre propre capacité à répondre aux grands défis du moment sans pour autant arriver à une dérive autarcique, je suis prêt à prendre une part de ce qu’Arnaud Montebourg écrit.

Je ne me sens pas étranger à ce qu’il dit, bien que je sois un européen convaincu. En effet, je pense que nous n’avons pas d’autres possibilités, aujourd’hui, que de penser à l’échelle européenne, et je me réjouis de voir que l’Europe elle-même progresse, même si c’est à très – trop – petits pas, avec le plan de relance, avec les débats qui naissent sur la question d’un budget propre pour l’Union européenne. Ainsi, il y a une évolution dans le discours européen, et je souhaite l’accompagner. Je ne suis pas pour un repli hexagonal, considérant que, soudainement, il y aurait une sorte de formule miracle dans un retour à l’âge d’or où nous vivions seuls face au monde. Cela, je n’y crois pas.

LVSL – Tout indique que François Hollande prépare son retour. Il appelle à la création d’une nouvelle force politique tandis que ses amis s’activent au sein du club des engagés. Quel regard portez-vous sur les démarches en cours ?

O.F. – Je ne sais pas exactement ce qu’est cette proposition. Créer une nouvelle formation politique, pourquoi pas. En ce moment, il s’en crée une par quinzaine. Il ne s’agira que d’une de plus. Néanmoins, j’ai du mal à comprendre les directives de Laurent Joffrin. De fait, je ne vois pas comment on peut vouloir rassembler la gauche et l’écologie, tout en créant un parti de plus. C’est paradoxal, voire loufoque. Je verrai donc quelles seront leurs propositions. Il est vraisemblable que certaines propositions de fond qui seront faites par Laurent Joffrin recouperont certaines des nôtres. Tant mieux. Je ne souhaite pas créer deux gauches irréconciliables. Au contraire, je cherche à ce que toutes celles et ceux qui continuent à porter l’idée jauressienne de la République jusqu’au bout, de la République sociale, se rassemblent. Que nous puissions faire un bout de chemin ensemble me convient. Il faut maintenant savoir quel est ce chemin, et nous verrons à l’épreuve des faits.

LVSL – Votre parti n’est plus celui du congrès d’Épinay. Il sort de trente ans de conversion progressive au social-libéralisme. Que signifie le socialisme à vos yeux, à l’orée de la décennie 2020 et alors que nous célébrons les cent ans du congrès de Tours ?

O.F. – Tout d’abord, vous avez raison de dire que le cycle d’Épinay s’est achevé. Nous avons vécu. La génération qui était encore au pouvoir avec François Hollande est la génération d’Épinay, c’est la génération des contemporains de François Mitterrand. Je suis le premier des premiers secrétaires qui n’a jamais côtoyé François Mitterrand, qui ne l’a jamais connu, et qui arrive dans l’après Épinay. Il y a ainsi un nouveau cycle, qu’il faut écrire, qui sera très différent du cycle précédent, l’héritage ayant été consommé par ceux qui ont vécu avec lui et occupé le pouvoir grâce à l’élan qu’il a su leur donner. Cet élan s’est désormais épuisé ; il faut maintenant se réinventer, comme dirait quelqu’un qui le dit sans le faire. De notre côté, nous devons non seulement le dire, mais également le faire.

Nous devons dire en quoi nous avons pu nous égarer. Pour cette raison, à la suite de mon élection en tant que premier secrétaire, j’ai conduit la réalisation d’un inventaire, car je pensais utile de tirer les leçons d’un échec collectif, qui a rejailli sur chacun d’entre nous, mais sans stigmatisation aucune. Nous avons aussi des comptes à rendre aux personnes qui nous ont abandonné aux élections présidentielle et législative, mais qui, en réalité, avaient déjà fait d’autres choix aux élections européennes, régionales, départementales et municipales. Ensuite, il fallait parvenir à avoir une autre attitude par rapport au reste de la gauche, et en finir avec cette forme d’arrogance qui tenait les autres en lisière de la décision. Il fallait considérer que nous avions des partenaires respectables. Cela supposait de faire la démonstration que nous n’avions pas simplement la volonté de reconstruire un parti socialiste qui considérerait qu’il n’a plus que des supplétifs avec lesquels il doit composer, mais que nous étions prêts à l’idée de construire une coalition.

Il y a eu une première traduction de cette vision aux élections européennes, où nous avons fait le choix de laisser conduire une liste paritaire entre des membres du PS et d’autres qui n’étaient pas du parti. Aux élections municipales, nous avons également fait ce choix : dès le premier tour, partout où il nous a semblé qu’un écologiste était mieux placé qu’un socialiste pour gagner l’élection, nous avons fait le choix unilatéral de présenter des candidats qui étaient derrière les écologistes. Ce choix était unilatéral car il n’a pas été payé en retour par les écologistes. C’est ainsi que des villes comme Tours, Besançon, ou encore Bordeaux, ont basculé dans le camp de la gauche et de l’écologie, alors même que rien ne laissait penser que c’était possible… Cela a ensuite permis de construire un rapport nouveau avec le reste de la gauche. Il y a trois ans, nous étions des cousins très éloignés, pour ne pas dire étrangers, pour une partie de la gauche. En effet, le slogan le plus partagé parmi les militants de la gauche était « plus jamais PS ».

LVSL – L’idée écologique est en plein dynamisme et s’affirme comme un paradigme concurrent au socialisme. La critique du progrès et de la tradition rationaliste en sont des éléments constitutifs. Y-a-t-il des hybridations possibles entre ces deux paradigmes ? Quelles formes pourraient-elles prendre ?

O.F. – Il y a potentiellement à la fois une concurrence et une hybridation. Les deux sont possibles : tout dépend de la conception qu’on développe de l’écologie. Cela va me permettre de répondre à votre question précédente, car j’ai imparfaitement répondu. Qu’est-ce qui fait qu’un socialiste, aujourd’hui, n’est plus exactement celui qu’il était il y a vingt, trente ou quarante ans ? C’est, évidemment, le fait d’avoir été percuté par l’écologie politique. Parce que, tout simplement, nous sommes au rendez-vous de l’Histoire avec le réchauffement climatique, et que le pacte social-démocrate est né d’une croyance dans le progrès. Ce pacte est aussi le fruit d’une croyance dans la croissance que nous avons nous-mêmes encouragée, nourrie, et que nous avions en partage avec les capitalistes, le point de désaccord étant sur la nature de la redistribution. Tout le monde voulait produire, mais les uns le voulaient pour engraisser le capital, les autres pour une meilleure répartition de la richesse, et ainsi permettre le développement de certaines populations qui, jusqu’ici, avaient été conditionnées pour vivre dans la pauvreté. Nous étions des productivistes, mais pour des résultats différents : c’est ce qui distinguait la gauche et la droite.

Aujourd’hui, on ne peut pas demander à la Terre plus que ce qu’elle peut nous offrir. Ce que nous devons intégrer, et c’est pour cette raison que je considère que l’écologie fait partie intégrante désormais de la pensée socialiste, c’est que l’objectif des socialistes depuis Jean Jaurès est de faire en sorte que la vie soit meilleure pour le plus grand nombre. Or, la vie meilleure passe à la fois par la question des inégalités, de l’émancipation, de l’accès à la culture, de l’intelligence et de l’humanité. C’est ce qui permet à un homme de se tenir debout, jusqu’au bout. Cette vie meilleure passe également par le fait de pouvoir vivre dans un univers qui ne lui soit pas hostile. Or, ce qui peut se produire à l’échelle humaine, c’est que dans dix, quinze ou vingt ans, une partie du monde devienne totalement hostile à la vie humaine, et vienne renforcer les inégalités.

Olivier Faure, au siège du Parti Socialiste. ©Pablo Porlan

Ce que je dis aux écologistes, c’est que nous combattons les mêmes prédateurs : celui qui, sur le plan social cherche à payer peu le travail de celui dont c’est le seul bien à vendre, et qui considère que c’est le capital qui doit dominer parce que c’est lui qui prend des risques, alors que le travailleur n’apporterait pas grand-chose, si ce n’est sa modeste force de travail à l’échelle individuelle. Ce prédateur, c’est le même que celui qui méprise toutes les alertes climatiques qui nous sont données. Ce sont également les mêmes victimes de la pollution, de la malbouffe, de l’exposition aux matières dangereuses quand il s’agit d’aller travailler dans la chimie ou dans l’énergie nucléaire. Ce sont toujours les mêmes qui font le sale boulot. Nous avons les mêmes adversaires, nous avons les mêmes personnes à protéger. La bonne logique voudrait donc que, dans ces cas-là, nous puissions nous retrouver et conduire ensemble ces combats d’avenir.

Le XIXe siècle est le siècle où le combat central est la question démocratique. Il s’achève avec l’arrivée de la République. La question est alors de savoir si nous sommes des démocrates : si on veut une démocratie, l’empire, ou un retour à la monarchie. Grâce au mouvement ouvrier de la fin du XIXe siècle et début XXe, une autre question émerge et devient centrale pour le siècle qui s’ouvre : c’est la question sociale. Il y a un homme qui fait la synthèse entre la question républicaine et la question sociale : c’est Jean Jaurès. Ce que nous devons, nous qui sommes les héritiers de sa pensée, c’est la prolonger en faisant la synthèse entre la République, le social et l’écologie, non pas pour que cette dernière se substitue aux questions précédentes, mais pour qu’elle s’y ajoute et qu’une nouvelle synthèse soit faite. Cette dernière doit permettre de féconder la pensée de la gauche pendant le siècle qui est maintenant devant nous.

C’est ce qui me distingue des écologistes, qui sont dans une forme de déification de la nature. Or, pour moi, la nature n’est pas déifiable, au sens où « Dame Nature » n’est pas l’état auquel j’aspire. Ce serait une formidable régression : Dame Nature que nous renvoie Hobbes ou les autres c’est, malgré tout, la loi du plus fort, le darwinisme sur tous les plans. De mon côté, ce n’est pas du tout ma conception, sachant qu’une part du progrès humain est la conquête de l’Homme sur la Nature. Ainsi si on fait des barrages, si on construit des infrastructures pour vivre mieux, c’est parce qu’on a cherché à éviter les catastrophes naturelles, les intempéries et à se protéger des prédateurs dans le monde animal. Nous n’avons pas cessé de chercher à domestiquer la nature. Il s’agit donc de comprendre qu’elle-même se révolte aujourd’hui. Comme diraient les écologistes, « Gaïa veut se faire entendre » : il y a une réponse directe de la Terre aux humains. De fait, je ne sais pas s’il faut personnifier la Nature, mais il est certain qu’on ne peut pas lui demander plus qu’elle ne peut.

Cela suppose qu’il y ait un respect de ce qu’elle peut nous apporter. Nous devons changer nos modes de vie, de consommation, et changer de modèle économique. Il faut cependant avoir en tête que cela ne passe pas par une équivalence entre un végétal, un animal et un être humain : ils ne sont pas, pour ma part, de la même façon respectables. Je respecte les hêtres, mais je respecte plus encore les êtres humains. Sans chercher à dire qu’il y a une forme de suprématie absolue qui donne à l’homme tout pouvoir sur tout. Il faut défendre la cause animale, bien entendu, mais malgré tout, l’animal que j’aime le plus, c’est l’être humain.

LVSL – Votre parti s’est repositionné sur la laïcité, assumant une forme de fermeté tout en prenant ses distances avec la ligne incarnée précédemment par Manuel Valls. Quelle est votre vision de la laïcité ?

O.F. – J’aimerais pouvoir vous dire que j’ai la vision la plus simple qui soit : je suis un républicain laïque, dans sa forme la plus classique. Je respecte la personne humaine, quelle qu’elle soit. Si, plus tard, vous me dîtes que vous êtes bouddhiste, musulman, hindouiste, etc., grand bien vous fasse, et je respecte parfaitement le fait que vous puissiez croire à quelque chose auquel je ne crois pas. Mais cela doit se limiter à votre propre conscience. Par exemple, vous avez le droit de dire que vous êtes contre l’avortement, c’est tout à fait respectable, mais justement parce que je suis laïque, je considère que les lois spirituelles qui peuvent nous gouverner, ne peuvent gouverner un pays ou un continent. Les seules lois que nous pouvons reconnaître, ce sont les lois du peuple souverain, ce sont les lois que nous nous donnons, jour après jour. J’irais même plus loin : l’esprit républicain, c’est de considérer qu’aucune loi, même majoritaire, ne pourrait revenir sur le respect des minorités. C’est ce que dit notre Constitution : on ne peut pas empêcher quiconque de croire, sauf si sa croyance finit par être un trouble à l’ordre public.

Nous sommes dans une attitude où la seule loi qui soit et que je reconnaisse est la loi des hommes, même si, sur le plan personnel, chacun a le droit de se considérer comme gouverné par d’autres lois. Pour prendre un autre exemple : nous sommes pour ou contre l’euthanasie. Je respecte les personnes qui voient une vertu rédemptrice à la souffrance. Peut-être ont-ils raison… Nous ne le saurons qu’après notre mort, nous verrons s’il y a quelque chose derrière la porte. Personne ne le sait, cela relève de la croyance. Les croyances, on peut y croire, ou non. On peut les contester, les critiquer, les mettre en doute. Cela relève de notre liberté. En revanche, je peux trouver cela ridicule, mais en même temps, au nom de ce que vous êtes et de ce en quoi vous croyez, je ne peux pas vous insulter.

Il s’agit d’une conception en réalité assez simple, mais qui permet de faire la distinction entre le fait de pouvoir critiquer une religion, mais de ne pas pouvoir l’insulter ou menacer ceux qui la pratiquent. C’est, comme dirait Orelsan, simple, basique. Cela pourrait être compris par tous, et je regrette que ça ne le soit pas. Il y a des personnes qui entretiennent à dessein une forme de confusion : quand Mahomet est insulté du point de vue de certains musulmans par les caricatures de Charlie Hebdo, ou par les saillies répétées de la jeune Mila, c’est Mahomet, c’est le prophète, c’est une religion qui est mise en cause. Cependant, l’insulte, elle, ne vaut que pour l’individu : elle ne vaut pas pour une croyance. On ne peut pas être assimilé à sa croyance.

Montaigne disait « il ne faut pas confondre la peau et la chemise ». Ainsi, pour chaque humain, il ne faut pas confondre sa peau et sa chemise. Sa peau, c’est ce qu’il faut respecter de lui, à savoir qu’il est un être humain respectable, et que ce respect est irréductible. En revanche, sa chemise, c’est ce qu’il croit, sachant qu’il peut changer de croyance demain. Ainsi, chacun doit prendre un peu de distance pour permettre le vivre ensemble. Je porte donc cette idée que la France d’aujourd’hui n’est pas celle des années 70, où nous avions un pays assez homogène dans ses soubassements. Homogène, ce n’est pas totalement vrai car l’empire colonial était tel qu’on avait beaucoup plus d’étrangers en France à cette époque-là. Aujourd’hui, la France est un pays métissé, et il faut assumer ces métissages. Dans cette pièce, je ne connais pas vos origines, mais je connais celles de Soraya et celles de Lounes. Je connais les miennes. Aucun d’entre nous ne peut dire qu’il est Gaulois de père en fils depuis Vercingétorix, et même nos propres parents ne peuvent pas le dire… La France, c’est ce métissage. Pourtant nous sommes 100% français. Nous sommes de culture française, de langue française, les valeurs que nous portons sont françaises. Quand nous allons dans les pays de nos origines, aucun d’entre nous ne se sent pas complètement chez lui. Nous y avons une part de familiarité, mais ce n’est pas notre pays. Notre pays, c’est celui dans lequel nous avons grandi. De mon côté, je me sens à mille pour cent français : ceux qui m’ont éclairé et guidé sont des auteurs français. Je pense comme un français. Même s’il peut y avoir quelques éléments que m’a transmis ma mère, il n’empêche que je me sens complètement français. La France est donc un pays métissé : il faut le reconnaître. Cela suppose, pour vivre ensemble, que nous ayons des règles de vie communes. Or, nous ne pouvons pas vivre ensemble si chacun pense que sa religion doit dominer la loi, et que la loi de son Dieu doit régir nos existences. Car il y a des musulmans qui ne sont pas d’accords pour être sous la loi de Yahvé ; ceux qui sont sous la loi de Yahvé ne sont pas d’accords pour être sous la loi de Bouddha ; et ainsi de suite. De facto, la seule façon de vivre ensemble, c’est de dire qu’il y a une part de nous-même qui est renvoyée à la sphère personnelle ; et il y a une part collective. Cette part collective ne signifie absolument pas que les personnes croyant en quelque chose ne peuvent pas participer au débat public. Elles peuvent le faire, y compris en vantant leurs croyances, leurs expériences, nonobstant le fait qu’aucune loi ne peut trouver son inspiration dans la loi divine. La loi divine, c’est pour le monde d’après. Pas celui d’après la Covid, mais celui d’après la vie.

LVSL – Votre structure fait face à des défis organisationnels importants, en particulier le vieillissement de sa structure militante. Comment comptez-vous renouveler ? Quelles sont les nouvelles figures du socialisme français ?

O.F. – J’espère que, même au Parti socialiste, le vent va se lever. Du stade de démodés, nous sommes passés maintenant au stade du vintage, j’espère que nous serons bientôt à la mode, parce qu’il y a quelque chose d’inépuisable dans le message que nous portons. Les structures peuvent bien évidemment vieillir. Les appareils peuvent se calcifier. Il faudrait que je sois dans une forme de déni absolu pour ne pas vous dire qu’il y a une certaine façon de raisonner, de parler, qui est considérée comme datée et dépassée. Nous sommes bousculés par un certain nombre de courants de pensées nouveaux. Je ne suis pas contre le fait d’être bousculé, même si je ne suis pas prêt à adhérer à toutes les thèses véhiculées par ces mouvements.

De fait, il y a un dialogue à maintenir avec la nouvelle génération : essayer de comprendre leurs aspirations, et en même temps, leur transmettre ce que l’on m’a transmis. L’héritage que je porte est toujours d’actualité : cette volonté de pousser les feux de la République jusqu’à la fin. Il y aura toujours un combat contre les injustices, contre les discriminations, contre les inégalités, parce que nous sommes ainsi faits depuis que le monde est monde. Il y a toujours eu des gens pour en discriminer d’autres. Bref, il y a toujours eu des réflexes d’opposition. La grandeur de l’humanisme, c’est justement de chercher à dépasser, à chaque époque, ce qui peut discriminer, créer des inégalités, et rend le monde injuste. Nous sommes Camusiens et nous croyons au mythe de Sisyphe. Un socialiste est un Sisyphe heureux, qui sait que son travail ne connaîtra pas de fin, mais que le sens de son histoire est, à chaque époque, de relever les défis de l’humanité.

LVSL – La forme partisane telle qu’elle a été héritée du XXe siècle et appliquée au PCF et au PS est-elle encore d’actualité ?

O.F. – Ma réflexion n’est pas totalement aboutie sur cette question. Ma conviction, c’est que la forme partisane telle qu’on la connaît depuis plus d’un siècle est maintenant dépassée : il faut y adjoindre d’autres façons de militer. Ma réflexion n’est pas achevée car je vois également un autre danger se profiler : celui d’être dans des mouvements gazeux du type de la République en marche, des Insoumis, où, au fond, nous ne sommes pas sur une forme nouvelle de collectif, mais sur le déguisement d’un pouvoir césariste qui se travestit en mouvement collectif et participatif. Pourtant, il n’y a rien de moins participatif que la République en marche : personne ne croit sérieusement qu’Emmanuel Macron a tenu compte de quoi que ce soit après sa première marche, après son grand débat, après avoir eu une majorité écrasante à l’Assemblée.

Il faut donc arriver à des formules qui permettent de rénover notre façon de militer, accepter l’idée qu’il y a diverses manières de le faire. Par exemple, il y a des gens qui n’accepteront jamais de coller une affiche, ou de penser à la prochaine élection municipale… Nous sommes un parti qui est très municipaliste, dans le sens où les sections se faisaient à l’échelle d’une commune, et où les centres d’intérêts étaient beaucoup liés à la question de savoir ce que l’on fait, ce que l’on produit, comment on bat le maire sortant à la prochaine élection. C’était le sujet le plus valorisé dans la section, puisque c’est le seul sur lequel elle avait un vrai pouvoir. Il y avait aussi des débats nationaux, des congrès, etc., mais qui étaient moins centraux que l’enjeu local. Aujourd’hui, je souhaite qu’on puisse faire venir des gens dont le combat est un combat pour la planète, et qui vont dire « moi j’ai marché pour le climat, je crois comprendre que, vous, les socialistes, vous vous battez aussi pour qu’on respecte le climat et que l’on prenne en compte le réchauffement. Je viens me battre avec vous sur ce seul sujet-là ». C’est peut-être possible, ce n’est qu’un début !

La question est ensuite de savoir comment on organise des passerelles, comment on permet à des gens de découvrir l’engagement par le biais d’un sujet, comment on leur explique qu’il y a un lien entre les différents enjeux, et que le monde dans lequel ils vivent n’est pas totalement lié au fait du hasard. Aujourd’hui, la société hyper-capitalistique de l’hyperconsommation a un lien avec le réchauffement climatique. C’est de cette manière que les choses peuvent s’enchaîner et amener les gens à une prise de conscience plus globale, parce qu’il y a aussi une vocation de formation dans un parti politique. En effet, les partis politiques ne sont pas seulement présents pour venir défendre leur champion ou championne pour une élection. Ils permettent de venir chercher dans le débat, dans l’altérité, une formation, une capacité à comprendre et à analyser le monde.

J’ai bien conscience que ce que je vais vous dire peut paraître affreux. Mais j’ai d’abord été éduqué par mes parents, puis formé par l’école et, ensuite, par les débats qui m’ont formé et déformé, qui m’ont aidé à me définir et à savoir quelle est ma colonne vertébrale aujourd’hui. Ce n’est pas venu tout seul ! Il est difficile de se définir à vingt ans, c’est un âge où on est d’abord le produit de ses parents. Peut-être à quarante ans commence-t-on enfin à être essentiellement soi-même, mais l’est-on jamais vraiment ? Jusqu’à la fin de ses jours, on reste tout de même le produit de notre éducation.

De fait, les partis ont aussi cette vocation d’aider les gens à mettre des mots sur ce qu’ils pensent, à mettre des propositions en regard de ce que l’on veut corriger. C’est cela un parti politique ! C’est une belle invention, donc il ne faut pas les casser. Mais il faut cependant les transformer et les ouvrir. Leur rôle ne doit plus être le même qu’avant. Cela ne peut plus être le passage dans une section pendant 25 ans qui autorise à lever la main et à dire ce que l’on pense, ou à permettre d’être candidat aux municipales. Auparavant, il y avait cette idée que le parcours était très long, très compliqué, avec des gens qui occupaient la place pendant 30 ans. Il faut que cela bouge.

Ainsi, je n’ai pas encore identifié de modèle partisan stabilisé. J’ai vu et étudié ce que d’autres partis en Europe faisaient et je trouve qu’aucun modèle, à ce stade, ne correspond pleinement à celui que je voudrais.

LVSL – Les partis socialistes européens ont subi une crise importante ces quinze dernières années. Ils ont adopté différentes stratégies pour s’en sortir : certains par un repositionnement plus à gauche comme le PSOE et le Labour, d’autres par un aboutissement de leur mutation libérale comme le SDAP néerlandais. Quel regard portez-vous sur ces options stratégiques ? Quelle est celle du PS ?

O.F. – On me pose cette question toutes les semaines depuis trois ans. Ne pensez-vous pas que la crise touche surtout les libéraux, à la différence qu’eux ne se remettent pas en question, alors que la gauche a pour habitude de se poser beaucoup de questions sur elle-même ? De fait, tout ce que nous vivons aujourd’hui, c’est la crise du libéralisme. Leur doctrine est remise en cause tous les jours : sur la mondialisation, le marché, la santé, les vaccins, la façon dont les choses sont organisées. Nous voyons en ce moment comment, malgré tout, c’est l’État-providence qui vient au secours et qui tient de façon artificielle des secteurs économiques qui sont très heureux de le retrouver alors qu’ils l’ont critiqué pendant des années.

Maintenant, il est vrai que les sociaux-démocrates se sont égarés, non pas au nom de la social-démocratie, mais parce qu’ils ont trop souvent épousé le libéralisme, et sont rentrés dans sa crise. Ce n’est pas le fait d’être trop socio-démocrates qui les a perdus, mais le fait d’avoir donné le sentiment qu’ils pouvaient se confondre avec les libéraux, et c’est le paradoxe. C’est eux qui prennent la crise en pleine figure alors qu’en réalité, ils sont les moins libéraux des libéraux.

Vous dites qu’il y a eu des stratégies différentes pour s’en sortir, mais, en réalité, je ne crois pas qu’il ait eu des positionnements très différents entre le PSOE, le Parti socialiste portugais et français. Tous les dirigeants de ces partis étaient assez proches dans leur conception du socialisme. Ce qui les différencie, c’est que ce sont des pays qui n’ont pas la même réalité et qui n’ont pas abouti au même résultat. Je note avec beaucoup de respect pour mes camarades Costa et Sanchez qu’il est plus facile d’être socialiste espagnol ou portugais, tout simplement parce qu’ils sont dans des pays où ils peuvent, sans problème de productivité, se retrouver à augmenter le SMIC de 25%. Quand, il y a deux ans, je suis allé au congrès du PSE, je voyais des affiches dans tout Lisbonne où il était écrit : « avec les socialistes portugais, vous aurez des livres gratuits demain pour aller à l’école ». Nous, on ne peut pas faire ça. C’est un progrès au Portugal. En France, c’est déjà le cas depuis des décennies. On a eu un problème d’ajustement, et c’est pour cette raison qu’à un moment, on a transféré sur l’Union européenne nos propres désirs de progrès, parce qu’on a bien eu le sentiment, à un moment, qu’il fallait que ce soit un parcours commun. En effet, le parcours en solitaire est vite condamné dans un monde ouvert. Nous savons que si nous augmentons le SMIC de 30%, le résultat serait vraisemblablement des délocalisations massives vers des pays qui ne sont pas à l’autre bout du monde mais qui sont frontaliers. Ainsi, pour maintenir un lien social, il faut à la fois continuer à le penser, et en même temps regarder comment on peut faire pour que tout le monde progresse et qu’on évite le dumping social.

Cela ne veut pas dire que nous sommes condamnés à faire du sur-place en attendant que tout le monde soit au même niveau pour avancer. Au niveau de la question européenne, ce qui se passe sur la réflexion de la dette, ce qui se raconte autour de l’Institut Rousseau, autour de personnalités comme Aurore Lalucq est très intéressant. Il y a, au sein de l’Union européenne, des avancées significatives sur le plan de relance. Elle a reconnu le fait qu’il faudrait qu’il soit financé par des ressources propres. Nous devrons donc les trouver, avec par exemple les taxes carbones aux frontières ou le retour de la taxe Tobin. Ce processus ne se déroule pas forcément au rythme de celui qu’on aimerait voir adopté. Mais il est amorcé.

Peut-être que Pierre Larrouturou a commencé sa grève de la faim trop tôt… La réalité, c’est que le combat va commencer dans les prochains mois et les prochaines années. Pierre le porte, mais c’est un combat qui va aussi être européen, pas seulement chacun dans son pays. C’est cela aussi le changement de dimension que doit prendre le combat partisan. On ne peut pas simplement être socialiste français, il faut être socialiste européen. Il faut se battre au sein du PSE pour arriver à faire entendre raison et à faire bouger l’ensemble des forces « frères ou sœurs », ce qui n’est pas facile. Si on veut faire de la politique facile, il faut aller jouer au golf avec Donald Trump. Il faut être dans les fake-news, dans la post-vérité. Se confronter au réel n’a jamais été simple, et se confronter à des convictions dures, c’est encore plus difficile.

Nous avons tout de même deux siècles d’histoire d’une brutalité effroyable derrière nous. Nous sommes passés par la Monarchie, l’Empire, etc. Nous avons tout connu. Sapiens, c’est 70 000 ans. Cela ne fait qu’un siècle que l’on peut estimer avoir installé la République et la démocratie en France. Aux jeunes, dans les classes, qui me disent que la politique ne sert à rien, je leur réponds que si je le pensais, j’arrêterais tout de suite. Je leur donne un exemple : ils sont en classe. Il y a un siècle, un peu plus, les gens comme eux n’étaient pas en classe. Ils avaient des petits charriots et allaient chercher le charbon au fond de la mine. Dans les pays où il n’y a pas eu la gauche pour permettre cette évolution, les enfants sont toujours dans la mine ! Ils ramassent les minerais qui sont dans nos téléphones portables, ils sont encore dans les champs avec leurs parents. Ils ne le font pas à 18 ans, mais à 5 ou 6 ans ! Ils ont une espérance de vie extrêmement limitée.

Ainsi, il est peut-être difficile de voir des évolutions d’une année sur l’autre, mais sur un siècle, ce que nous avons fait est incroyable. Il n’y a pas de quoi rougir : je suis fier d’être dans les traces des personnes qui l’ont permis, et qui se sont battues. Parce que ce n’était pas facile de passer d’une société à l’autre, d’imposer aux aristocrates la République, d’imposer aux bourgeois le fait qu’il faille partager la plus-value. Ce n’est toujours pas facile aujourd’hui non plus de demander à partager le pouvoir dans les entreprises : pourquoi ces personnes lâcheraient quoi que ce soit ? Ils ont du pouvoir et ont le sentiment que ça leur est dû. Il faut donc encore se battre.

Puisqu’ils ont leur puissance démultipliée au niveau international, à nous de nous démultiplier sur cet échelon-là. Je crois qu’il faut être plus intelligent qu’eux, les contourner, créer un rapport de force. Il faut faire en sorte que les choses bougent, parce qu’ils sont puissants mais ils sont aussi peureux. Ils ont toujours craint le pouvoir du grand nombre. Cela est assez logique : tout riche que vous soyez, il y a, malgré tout, un problème, qui est qu’à un moment, face à la multitude, vous aurez besoin qu’elle vous accorde du respect et vous tolère. Pour ce faire, cela suppose de répondre aux appels du pays, aux rapports de force qui bougent, et ce n’est pas être révolutionnaire ni le devenir : c’est une réalité historique. Oui, il faut créer des rapports de force ; oui, il faut avancer ; oui, il faut continuer à gagner ce que nous n’avons pas encore gagné et qui va permettre aux gens de vivre mieux, parce qu’il n’est pas normal qu’encore cette semaine, nous apprenions par le Secours catholique que 40% des Françaises et des Français considèrent que leur pouvoir d’achat ne leur permet pas de se nourrir correctement. 40%, dans la cinquième ou sixième puissance mondiale !