Je suis intervenu en séance sur le projet de loi de finances

Je suis intervenu en séance sur le projet de loi de finances

Voici le texte de mon intervention :

 

 

Monsieur le président,

Mesdames et messieurs, chers collègues,

 Je voulais vous parler de « dette ».

 A tout seigneur tout honneur.

 Je voulais d’abord vous parler de la dette de la droite.

 Depuis hier, j’écoute les orateurs qui se succèdent à cette tribune.

Certains ont le verbe haut. Ils parlent fort. Ils ont l’air de ceux qui savent.

 Je me suis renseigné. On me dit qu’ils viennent de la droite. Ce n’est pas un défaut de venir de droite… Ils parlent si bien de la dette que je me suis dit qu’ils devaient avoir une expertise sur le sujet. C’est exact !

 Tout de même 600 milliards de dette supplémentaire en cinq ans, Une dette qui représente 90% de la richesse produite, 50 milliards d’euros d’intérêts de la dette versés chaque année à nos créanciers, ce n’est pas rien. C’est même un record. Cela donne des droits !

 Puisque nous partageons tous l’idée d’une trajectoire budgétaire qui conduise au désendettement, j’ai donc jeté un oeil sur les propositions que fait une opposition si constructive.

 Ses solutions je vous les livre :

 suppression de l’article 3 qui crée une tranche à 45% pour les plus hauts revenus,

 suppression des article 5, 6, 7 qui imposent revenus du travail et du capital au même barême

 suppression de l’article 8, qui crée une contribution exceptionnelle de solidarité sur les très hauts revenus d’activité

 Suppression de l’article 9 rétablissant l’impôt sur la fortune

 Suppression de l’article 11 sur le durcissement de la taxe sur les logements vacants

La défense des intérêts des possédants est sans limite.

Les députés de l’opposition n’oublient rien. Sans doute par hommage au ministre du budget, MM Tardy et le Fur ont même pensé à déposer un amendement exonérant les chirurgiens esthétiques de l’application de la TVA pour des actes non thérapeutiques.

 etc. etc.

 Je sens mes chers collègues votre inquiétude monter : Vous vous dites comment trouver 30 milliards si toutes les recettes sont ainsi supprimées.

 Mes chers collègues de la majorité, cette inquiétude marque un manque de confiance qui ne vous honore pas. Nos collègues de l’UMP ont évidemment pensé à tout.

 Ils ont prévu, après l’article 13 de rétablir la hausse généralisée de la TVA qui était initialement prévue au 1er octobre et que vous avez malencontreusement abrogée dès votre élection au moins de juillet dernier.

 Et ce sont les mêmes qui demain iront courir les plateaux de TV comme les routes de France en parlant je les cite : de matraquage fiscal des classes moyennes et de gourdin fiscal.

 La vérité c’est que nous voulons tous désendetter le pays, mais que nous n’avons pas prévu le même chemin pour y parvenir.

 La vérité chers collègues de l’opposition, c’est que vous aimez les impôts et les taxes indirects, incolores, que tous les Français paient indistinctement.

 La vérité c’est que nous assumons de faire porter l’essentiel de l’effort sur les Français qui ont les plus fortes capacités contributives.

 Vous voulez augmenter la TVA, nous voulons augmenter l’IR, vous voulez préserver les revenus de la rente, de la spéculation, là où nous voulons imposer au même taux revenus du capital et du travail parce que nous croyons à la valeur travail !

 Cela signifie-t-il que nous voulions spolier les riches? décourager l’initiative privée ? confisquer les fortunes acquises? En bref de pigeonner les « meilleurs d’entre nous ».

 Je voudrais achever mon propos en m’élevant contre cette caricature.

 Je crois à l’effort, à l’initiative, au courage.

Mais je crois que l’effort, le courage, l’initiative et le courage ne sont pas le privilège des dirigeants.

 Je crois aussi que la dette ne peut être payée principalement par ceux qui n’en sont pas responsables et qui n’en ont jamais tiré le moindre profit.

 Je crois enfin que nous avons toutes et tous une dette vis-à-vis de la France.

J’ai entendu ces derniers jours un mouvement au nom d’oiseaux se former. Certaines de leurs revendications sont entendables. Notamment pour ceux qui prennent des risques pour créer de l’activité et de l’emploi.

 Mais le discours sur les self made men, sur le mérite individuel, doit aussi trouver ses limites. le discours du self made man, c’est celle d’un individu sans dette, qui n’est redevable qu’à lui même et qui ne se rattache qu’à sa propre histoire.

 Nous avons tous une dette vis-à-vis de ce pays. Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu?

L’école de la République, les savoirs acquis au cours des siècles, la puissance commerciale, des services publics performants, des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers de qualité…

C’est pourquoi chaque patriote doit aujourd’hui être fier de ce qu’il peut apporter pour le redressement du pays.

 La non-imposition des plus riches, c’est forcément l’imposition des autres. les classes populaires, les classes moyennes.

 Nous avons tous un effort à produire. Il doit être juste. Dans un pays qui compte plus de trois millions de chômeurs, presque autant de salariés précaires, le redressement est un impératif. c’est la dette que nous avons vis-à-vis de celles et ceux qui ont perdu leur emploi alors qu’ils ont contribué à la richesse du pays.

 Cette dette là n’est pas seulement économique; Elle est morale. Et c’est celle qui fonde l’engagement de cette majorité.