Fin de session

Fin de session

hemicycle-nuit

La lumière est éteinte. Seule la verrière éclaire encore les travées.

La session extraordinaire s’est achevée. Une autre débutera le 15 septembre avec le vote sur la loi Hadopi 2. A partir de la fin août les collaborateurs seront de retour pour préparer les premiers rendez-vous. La première réunion du groupe socialiste aura lieu le 1er septembre.

Quel bilan tirer de cette session? Dans l’état du parti socialiste, les meilleures nouvelles seront venues de ses groupes parlementaires. C’est à partir du Parlement que l’opposition a arraché quelques victoires dans l’opinion ( nomination-révocation des présidents de l’audiovisuel public, partage du temps de parole télévisuel, Hadopi, travail du dimanche, loi hôpital santé territoires, etc.)

C’est surtout à partir de l’Assemblée nationale que nous avons pu dérégler la mécanique présidentielle. Le temps dans lequel vit Nicolas Sarkozy, c’est celui des annonces. A chaque jour son message et son image. Dans ce tourbillon médiatique, chaque image doit tout à la fois marquer les esprits pour donner l’illusion de l’action et chasser la précédente pour limiter tout suivi et toute contestation. Chaque semaine depuis son élection, Nicolas Sarkozy s’efforce d’imposer l’agenda politique. Avoir le choix du thème, pour conserver la main.
Le président de la République aime les annonces, mais il n’aime pas que l’on fouille derrière ses mots. Comme tous les illusionnistes, il a ses trucs. Pour les préserver, il veut maintenir la distance avec le public. C’est pourquoi il faut sans cesse aller vite, ne jamais s’arrêter, fixer l’attention sur le tour suivant. Ne jamais laisser se déployer la critique de l’opposition. Une fois le 20h passé, c’est le Parlement qu’il faut éteindre.

Le temps de Nicolas Sarkozy, c’est celui des spin doctors, celui du marketing électoral, et de la politique spectacle. Son horizon ne dépasse pas la journée.

Le temps du Parlement, c’est tout l’inverse. ou plus exactement, c’était tout l’inverse avant l’adoption du « crédit temps » (dont nous verrons à l’usage comment le détourner de son objet initial : faire taire l’opposition comme les dissidences à droite). C’est le temps de l’analyse des textes ; de leur évaluation ; celui des auditions qui permettent la contre-expertise. Le temps de la confrontation entre une majorité et une opposition qui, par leurs échanges, font vivre la démocratie. Le temps de la délibération collective qui permet de corriger, amender, améliorer une copie forcément imparfaite des ministères.

Ce temps, c’est celui des commissions bien sûr. C’est celui du débat public dans l’hémicycle. C’est celui des motions de procédure et de la discussion générale. Mais c’est surtout celui du débat d’amendements. Car le débat d’amendements, c’est le moment de l’interpellation directe. Ici, la confrontation est sans filtre. Gouvernement, commission, majorité, opposition, chacun est placé devant ses contradictions ou tout au moins ses contradicteurs.

Sans Parlement, la vie politique ne serait qu’une addition de monologues. Où aurait lieu la confrontation ? La vie politique ne peut pas se limiter à un échange de communiqués entre la rue de la Boétie et la rue de Solférino !

Chacun l’aura compris, et pour ceux qui me connaissent ils n’y verront qu’une confirmation, j’aime ce lieu plus que tout autre parce qu’ici la parole ne se limite pas aux petites phrases. La politique est encore affaire de souffle. Les ambitions doivent d’abord exprimer un talent. La parole individuelle n’a d’écho que si elle rencontre d’autres volontés convergentes.

En attendant la reprise, bonnes vacances à toutes et tous. Merci de votre fidélité.