chronique de campagne européenne 4 (discours de Savigny le Temple)

chronique de campagne européenne 4 (discours de Savigny le Temple)

Les socialistes tenaient meeting hier soir à Savigny le Temple avec Harlem Désir. Voici la retranscription de mon intervention :

Chers amis,

Je veux d’abord saluer Jean Louis Mouton et Alain Traca et à travers eux tous les élus,

Saluer Emeric Bréhier et avec lui l’ensemble des secrétaires fédéraux et parmi eux Eduardo Cypel et Laetitia Martig qui ont particulièrement œuvré pour cette campagne,

Saluer plus largement vous tous militantes et militants, sympathisants, qui avez accompagné ou aller accompagner cette campagne que nous menons dans notre Seine et marne avec Thomas Petit sur la liste que conduit Harlem Désir.

Chers amis,

J’avais déjà mené campagne voici cinq ans avec Laurent Bonsang. Alors lorsque nous avons démarré je me suis permis de dire – comme ancien, comme vétéran – à Thomas : « tu sais, c’est pas facile une campagne européenne »… Je ne disais pas ça parce que je suis en onzième place et qu’il faudrait un raz de marée pour être élu, et une épidémie de grippe pour que Thomas puisse nous suppléer… non,  je disais cela parce que, d’expérience, la simple mobilisation de nos concitoyens est un travail. En lui disant, je ne pensais pas – pour tout vous dire – que ce serait si difficile. Sur chaque marché, dans chaque réunion publique, notre premier combat, notre première ennemie, c’est l’indifférence, la résignation, l’abstention. Il y a tous ces visages qui restent fermés. Murés dans leur douleur. Celle du chômage, celle de la précarité, celle de la misère. « pourquoi voter ? Pourquoi encore voter ? Que pouvez-vous pour moi ? Que peut l’Europe pour moi ? Et puis la crise, elle a tout emporté… »

Mais justement, c’est là le premier enjeu du 7 juin, tout ce que nous avons à porter auprès de ceux qui sont dans le doute – et ils sont trop nombreux – c’est justement que c’est la crise qui commande plus d’Europe. Et en Europe plus de gauche ! Et au sein de la gauche plus de socialistes, pour plus d’efficacité !

Alors il faut faire campagne. sans relâche. Même si longtemps d’ailleurs, nous avons fait campagne un peu seuls… Nous étions pourtant prêts au débat. Nous sommes seine et marnais et nous avons cru – il est vrai un peu vite – que le débat serait ici plus vif qu’ailleurs puisque c’est Franck Riester député maire de Coulommiers qui avait été désigné comme directeur de la campagne UMP. Ce que nous n’avions pas compris c’est qu’il avait été nommé directeur pour une non-campagne… Que sa mission c’était d’entretenir la démobilisation…

La campagne de l’UMP est en effet, cher Harlem, un peu moins pénible que celle que tu nous imposes. Une campagne de l’UMP c’est : pas de tracts, pas de meetings, pas de réunions publiques. Pas de débat contradictoire. En seine et Marne, au seul qui ait été programmé – à l’initiative du mouvement européen – l’UMP n’est pas venue. Oh, ils avaient une bonne excuse ! C’était Le fameux soir de leur réunion unique…

Mieux encore, c’était avec Rachida Dati ! Et une réunion sur le Parlement Européen avec Rachida Dati cela ne se rate pas ! Chacun le sait, madame Dati a une vision particulièrement claire de ce qu’est l’Europe : « l’Europe s’occupe de ce qu’on lui donne à s’occuper avec les personnes qui peuvent porter ces affaires à s’occuper »…

Je le dis en plaisantant. Je ne devrais pas. Alors que tant de Français doutent, la désinvolture est coupable. L’Europe ce n’est pas un parachute doré pour ministre en chute libre. L’Europe mérite mieux. Elle mérite des élus qui s’investissent. Elle mérite des Harlem, des Pervenche, des Benoit, des Monique, des Alain, des Thomas qui eux sont prêts à l’engagement. Prêts à faire changer l’Europe.

L’Europe mérite mieux qu’une UMP qui ne présente ses candidats que 30 jours avant l’échéance,

L’Europe mérite mieux qu’un parti qui s’affranchit de toute responsabilité en refusant d’assumer devant les électeurs son bilan depuis cinq ans,

L’Europe mérite mieux qu’un président qui n’offre qu’un jeu de postures et d’impostures.

Car enfin ! voilà une campagne qui démarre à droite avec un président qui à la veille du scrutin vient réveiller ses électeurs sur ses vieux thèmes, ses vieux fantasmes, ses vieilles peurs ! Quel serait l’enjeu du scrutin selon Nicolas Sarkozy ? L’adhésion de la Turquie ! Comme si cette question allait être tranchée dans les cinq prochaines années. Comme si la prochaine assemblée aurait à en décider.

A ce propos je veux simplement rappeler que sous présidence française, les négociateurs ont ouverts deux nouveaux chapitres du dossier d’adhésion et que lors de la révision constitutionnelle de juillet dernier, Nicolas Sarkozy a veillé à ce que soit retiré le verrou que Sarkozy Nicolas avait imposé à Jacques Chirac en 2005. Il s’agissait alors de soumettre à référendum tout nouvel élargissement. Cherchez l’hypocrisie, vous trouverez toujours Nicolas Sarkozy !

Non ce n’est pas la Turquie l’enjeu du 7 juin.

C’est plus concret. Parce que l’Europe c’est notre quotidien. L’Europe c’est l’avenir de notre environnement, c’est la sécurité alimentaire, c’est la protection des consommateurs, c’est la durée de notre temps de travail, c’est nos droits fondamentaux, c’est la protection des services publics, c’est même l’accès à des droits nouveaux comme Internet.

Comme le temps m’est compté, je ne vais pas égrener l’ensemble des combats nationaux qui trouvent leur prolongement en Europe. Je ne prendrais qu’un seul exemple tiré de l’actualité immédiate. A ceux qui se demandent à quoi peut servir l’Europe, je dis qu’elle peut servir à corriger la copie d’un gouvernement rétrograde. C’est ce qui s’est passé à deux reprises sur Internet et la loi Hadopi. Ne croyez pas que j’en veuille particulièrement à ce pauvre Riester, mais c’est encore lui qui était à l’œuvre comme rapporteur de cette loi… Mais là où le gouvernement français et sa majorité refusent de prendre en compte les évolutions liées à la société numérique, l’Europe elle avance. Et pour être honnête, au delà même de la seule gauche européenne.

Cette fois la remarque est pour Jean-François Copé. Parce que Jean-François Copé, il croit – je n’invente rien – que les 407 parlementaires européens qui ont adopté l’amendement Bono c’est le résultat – je le cite – d’une petite « manip » des socialistes français ! Ségolène serait là, elle nous conseillerait de l’excuser… Je me fais son interprète…  Alors, excusez Jean-François Copé ; depuis le 9 avril dernier, il voit des rideaux rouges partout. Des rideaux derrière lesquels se cachent des hordes de socialistes qui bondissent au dernier moment pour gagner les scrutins ! Alors imaginez ce cauchemar récurrent de Jean-François Copé jusqu’au 7 juin : un grand parlement rassemblant les parlementaires de 27 Etats membres, avec un immense rideau rouge derrière lequel ou plutôt devant lequel il retrouve 407 députés socialistes!..

Mes chers amis, le parlement européen est donc utile comme l’Europe l’est. Je suis européen comme vous. Quels qu’aient été vos votes passés.

Je continue de penser, quelles que soient les difficultés que rencontre l’Union européenne, qu’elle reste la plus belle aventure humaine et politique de la fin du siècle dernier et de ce siècle qui commence. Si il m’arrive de douter, ce n’est jamais de l’Europe, mais de la majorité qui la dirige. Cette majorité qui a été inspirée depuis trente ans par Reagan, Thatcher, Bush, et plus proche de nous par Aznar, Berlusconi, Barroso et Sarkozy qui en sont les derniers héritiers. Et c’est vrai notre Europe n’est pas la leur. Notre projet ne se confond en rien avec le leur.

· Oui je crois en l’Europe politique, celle qui donne une gouvernance économique à l’Europe, mais non je ne crois pas à une Europe qui s’identifierait à un seul homme, Non je ne crois pas à une Europe qui se limite à des réponses intergouvernementales, mais oui je crois à une Europe qui saurait inventer une réponse commune à la crise !

· Oui je crois en une Europe de la défense qui assure aux européens leur protection, leur liberté et leur autonomie de décision, mais non je ne suis pas favorable à la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.

· Oui je crois à une Europe qui défend les agriculteurs, ce qui est très différent de la suppression des quotas et l’interdiction de fixer des prix de référence.

· Oui je crois en une Europe qui regarde l’avenir de chaque côté de la méditerranée, mais non mon Europe n’est pas celle qui exclut a priori les turcs parce qu’ils sont musulmans, et qui adopte une directive honteuse contre les immigrants parce qu’ils sont pauvres et peuvent croupir 18 mois sans autre forme de procès dans des centres de rétention.

· Oui je crois en l’Europe sociale qui harmonise par le haut les droits des travailleurs, fait converger les fiscalités et lutte contre le dumping qui met en concurrence les salariés et organise les délocalisations. Mais non, mon Europe sociale n’est définitivement pas celle de la directive Bolkestein, celle du temps de travail hebdomadaire à 65 heures, ou celle de la libéralisation des services publics.

Harlem le dira après moi, mieux que moi,

notre Europe c’est celle de la régulation financière,

celle de la relance économique à travers un gouvernement économique,

notre Europe c’est celle de la défense des services publics à travers une directive cadre,

notre Europe c’est celle d’un salaire minimum partout, selon les capacités et les potentiels de chaque pays !

c’est celle de la suppression des stock options, de l’interdiction des licenciements boursiers !

Sur tous ces sujets, nous avons besoin de l’Europe pour avancer.

Notre Europe, c’est quand même autre chose que celle de Nicolas Sarkozy !

Nicolas Sarkozy, il nous dit qu’il a réuni le G20. Très bien de réunir le G20. Formidable. Quelle photo ! Il nous dit qu’il a réussi à dresser une liste, celle des paradis fiscaux. Bravo… Mais si c’était pour avoir la liste, il aurait pu s’éviter beaucoup de peine et d’argent. La liste, nous l’avions. Il suffisait – s’il s’agissait juste de cela – de nous la demander !

Avec les paradis fiscaux, le problème ce n’est pas de les désigner, c’est de les interdire ! Avec le secret bancaire le problème ce n’est pas seulement de l’évoquer, mais c’est de le lever !

Avec Sarkozy, le problème ce ne sont pas les mots, mais les actes ! Alors que la crise était sensée avoir servi de révélation à la droite, alors que le président s’est engagé à refonder le capitalisme, la dérégulation continue. Et cela, au nom même de la crise ! Avec cette droite, le cynisme n’est jamais loin. Si on les écoute, c’est parce que les salariés ont trop de droits que le capitalisme va mal. Le chômage c’est parce que les chômeurs ne sont pas assez souples. Aujourd’hui même se poursuit la discussion d’une proposition de loi UMP à laquelle son porte-parole, Frederic Lefebvre a proposé d’ajouter un amendement que personne n’avait osé jusqu’ici. Les femmes enceintes, les malades, les infirmes pourront désormais télétravailler entre deux allaitements, deux soins ou deux souffrances !..

Pour sortir de la crise, comment pourrions-nous faire confiance à ceux qui nous y ont entrainé ? La réponse c’est nous  ! Alors nous devons être à la hauteur. Ce qui suppose notre unité.

L’unité c’est la première condition de notre crédibilité.

Ceux qui aujourd’hui se détournent de nous, le font non pas en raison d’un désaccord de fond avec ce que nous sommes, mais parce qu’ils ont le sentiment que chez nous les ambitions personnelles prennent le pas sur les ambitions collectives.

Ce soir, en ce moment même se tient un autre meeting. A Nantes. Ce soir, Ségolène Royal et Martine Aubry font meeting commun. C’est cette image là que les Français attendent de nous. Notre image lorsque c’est celle de notre unité, elle est belle. Mais elle doit être durable. C’est la promesse de Nantes. Partout, il nous appartient de la tenir.

Chers amis, j’en viens à ma conclusion;  il nous reste quelques jours, quelques heures. Pendant ces quelques jours et heures qui nous restent, vous allez croiser voisins, amis, famille, collègues…

Portez haut nos couleurs, proclamez haut nos valeurs ! Soyez fiers d’être socialistes ! Faites entendre notre voix.

Il y a un peu plus de 100 jours, un autre grand peuple a fait le choix de l’alternance. A nous de donner cette chance à l’Europe.

Le 7 juin les oppositions à Nicolas Sarkozy seront majoritaires, mais cela ne suffit pas. Il ne suffit pas d’exprimer un front du refus. Il faut exprimer une alternative. Et ça, seuls les socialistes peuvent l’offrir aux européens.

Le 7 juin avec Harlem, aidez nous à changer l’Europe, aidez nous à donner rendez-vous à la victoire !