La Ministre sans voix

La Ministre sans voix

Pour des raisons informatiques que je ne maîtrise pas, je ne vous montrerai pas la photo de Christine Albanel répondant aux parlementaires de l’opposition. Cette photo vous ne l’avez vue nulle part. Peut-être qu’elle ne vous manque pas non plus. n’empêche, j’en suis particulièrement fier. Elle est pratiquement introuvable et je suis sans doute l’un de ses très rares possesseurs.

Christine Albanel cultive le mutisme. Elle est une ministre de la culture dont on ne saura jamais vraiment ce qu’elle pense des textes qu’elle présente au nom du gouvernement. Il y a un an, elle avait appris par la presse que France Télévisions se verrait supprimer ses recettes publicitaires. Quelques mois plus tard, elle avait découvert que la couleuvre serait un boa lorsque notre insatiable Chef de l’Etat a annoncé que les présidents de France Télévisions et de Radio France seraient nommés et révoqués par lui-même…

Nous voudrions croire qu’en son for intérieur, madame la ministre de la culture n’adhère pas à de tels projets et que son silence au banc des Ministres constitue un demi aveu. Comment pourrait-elle défendre l’indéfendable? Comment cautionnerait-elle un bon en arrière de 25 ans comme l’a justement fait remarquer l’ancien ministre de Jacques Chirac, François Baroin?

Qu’organise le pouvoir sinon la reprise en main de l’audiovisuel public? Nous assistons  à sa mise sous dépendance politique et financière.

Politique, je n’insiste pas. La nomination-révocation est inimaginable dans toutes les démocraties européennes.

Financière, parce que les ressources (450 millions d’€ par an sur un budget de 800 millions) ne sont pas garanties et placeront la direction de France Télévisions dans une situation de dépendance budgétaire vis-à-vis du pouvoir exécutif.

Enfin, au delà de la question du pluralisme, de la liberté de la presse, de l’indépendance du service public, l’Etat se livre là à une dépense que rien ne justifie.

Le gouvernement supprime des postes d’enseignants pour les élèves en difficultés et dans le même temps, trouve les moyens de dilapider 450 millions alors qu’aucune urgence ne s’imposait.

Qui plaidait en faveur d’une telle décision? Ni De Carolis, ni les personnels, ni les spectateurs ou auditeurs du service public n’étaient demandeurs. Les seuls quémandeurs sont à rechercher parmi les invités de la nuit du Fouquet’s de Nicolas Sarkozy. Cette mesure n’est dictée que par les intérêts des concurrents privés de France Télévisions qui voient leurs parts de marché s’amenuiser avec l’émergence rapide des chaînes de la TNT et qui attendent, les babines retroussées, de récupérer les 450 millions de publicité que ne récoltera plus le service public. Indirectement, au beau milieu d’une crise financière, économique et sociale sans précédent, le gouvernement prélève 450 millions sur les Français pour rassasier les actionnaires de TF1 et M6.

Effectivement, sans doute une bonne raison de se taire, madame Albanel.