Atlas Obama

Atlas Obama

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S’il fallait une nouvelle preuve du phénomène de mondialisation, l’élection présidentielle américaine vient de la fournir. Aucun scrutin n’avait jusqu’ici intéressé à ce point la terre entière. Même l’élection en 1960 de JFK n’avait pas provoqué la même attention planétaire. La légende Kennedy doit autant au destin tragique qu’au projet du candidat qui voulait ouvrir de « nouvelles frontières ».

L’arrivée d’un métis, noir, à la tête de la première puissance crée une onde de choc dont chacun pressent l’ampleur. L’élection d’un homme issu de la minorité visible n’est plus seulement  « a dream », mais une réalité. Il n’est pas anodin que ce soit dans le pays qui connut la ségrégation raciale que ce vote historique soit intervenu. Le peuple américain a fait preuve d’une maturité démocratique que le reste du monde peut lui envier.

Cette victoire symbolise la volonté de rompre avec une politique économique ultralibérale  et la guerre des civilisations. Une page se tourne, celle des années Bush. Le pays des subprimes peut aussi devenir celui d’une fiscalité plus juste, de l’accès à la santé pour tous, de la défense de notre patrimoine écologique et de l’ouverture au multilatéralisme. C’est la promesse de cette belle campagne. « Change, he can ».

Sur tous les continents, une vague d’espérance s’est levée. L’attente est immense. Trop sans doute. Barack Obama ressemble à Atlas, le titan qui dans la mythologie grecque, fût condamné par Zeus à porter la terre sur ses épaules. Comment ne pas ployer sous la tâche ?

Il hérite d’une situation politique, diplomatique, financière, économique, sociale qui le place devant des responsabilités à la hauteur de son succès. Il lui reste jusqu’au 20 janvier, date de son accession à la maison blanche, pour prendre totalement conscience du phénomène qu’il a su créer, mais qui l’a aussi pour une large part dépassé. La tentation la plus évidente sera d’être d’abord le président des américains. C’est peut dire que l’enthousiasme suscité pose une exigence plus large.

Le 4 novembre, Barack Hussein Obama est entré dans l’histoire. Mais l’Histoire reste en réalité à écrire, celle d’un new deal, celle d’une nouvelle organisation du monde. Obama est déjà un symbole, il lui reste à devenir un « grand homme ». Il est l’incarnation du rêve américain, il lui appartient d’aller au delà. C’est l’espoir que nous fondons. Good morning America !