y a-t-il un président pour inaugurer le musée de l’immigration?
Ce matin aurait pu être un grand jour. Celui de l’inauguration du musée de l’immigration. Voulu par la gauche, mis en oeuvre par Jacques Chirac, son ouverture aurait pu célébrer une vision commune de la nation républicaine. Hélas, il n’en a rien été. Ni président de la République, ni ministre de l’immigration, ni ministre tout court, pour représenter ce matin le gouvernement.
François Hollande a, lui, choisi de s’y rendre (sur la photo avec la directrice générale). Les historiens, les conservateurs, les professionnels qui ont conçu ce musée ont dû trouver dans cette venue matière à réconfort. J’étais particulièrement heureux de l’y accompagner. Il y a des jours comme celui-là, où l’on a le sentiment de servir une cause qui n’est pas forcément populaire, mais qui mérite d’être défendue. Sans arrières-pensées. Avec simplement le sentiment d’accomplir un acte juste.
De quoi sagissait-il? De rendre hommage à ces millions de femmes et hommes qui ont participé à l’essor du pays. Rendre témoignage de ces parcours innombrables de nouveaux citoyens qui ont choisi la France. Rendre justice à ceux qui ont combattu, construit, créé de la richesse et qui aujourd’hui sont régulièrement stigmatisés.
Ce palais de la Porte dorée a été construit en 1931 pour l’exposition coloniale. Il servit la glorification de l’Empire avant de devenir le musée des arts africains et océaniens. Il devient aujourd’hui le musée de l’immigration. Cette histoire seule résume celle de notre pays.
Au demeurant ce musée est formidablement conçu. Il a le mérite de faire oeuvre pédagogique sans jamais tomber dans la cucuterie ou la pédanterie. Il est un musée vivant qui accueillera les témoignages de celles et ceux qui veulent y laisser leur histoire.
Je compte bien y emmenener ma mère et ses petits enfants. c’est un endroit qui, j’en suis certain, permettra à des mémoires de s’ouvrir, et à de nombreux migrants de retrouver dignité et fierté.
La France n’est pas seulement un territoire. Elle est d’abord, elle est surtout un projet. Celui de la République. Etre français s’acquiert moins par le sang que par l’adhésion à ce projet. C’est ce message qui fait encore rêver à travers le monde.
Sans avoir la naïveté de vouloir prendre toute la misère du monde sur nos seules épaules, nous devons nous rendre digne de ce message bicentenaire. On est loin de « l’immigration choisie ». On est dans l’immigration partagée.