La doublure et le consul

La doublure et le consul

20070704.JPGHier après-midi je regarde la déclaration de politique générale de François Fillon. Je me demande comment résumer d’une phrase ce que je vois depuis ces deux derniers mois ? Le président est omniprésent, il n’y a plus de Premier ministre, mais il y a bien une politique et elle est clairement de droite.

Le président est omniprésent. Sorte de Narcisse moderne, son assiduité dans les médias est devenue totalement addictive. Omnipotent, il dirige tout et tout seul.
Dans ce système, le premier Ministre n’est appelé à jouer que les doublures lorsque l’acteur vedette est en voyage. Nous pourrions en sourire si cette évolution de la pratique institutionnelle n’était inquiétante à plusieurs titres.

Le fonctionnement de l’Etat lui-même est en cause. Tout remonte désormais à l’Elysée. Les Ministres sont paralysés et n’osent plus prendre de décision. Les mal notés se voient retirer leur copie. Les autres se savent en sursis. La crainte du chef est devenue plus forte que l’envie d’agir. Une telle gouvernance conduit un jour ou l’autre à l’embolie.

Surtout, cette « hyper-présidentialisation » ne s’accompagne pas des attributs classiques d’un régime présidentiel, c’est-à-dire la constitution d’un véritable contre-pouvoir parlementaire. L’attribution de la présidence de la commission des Finances à l’Assemblée est sans commune mesure avec les attributions et moyens de contrôle de la chambre des Représentants aux Etats-Unis.

Le paradoxe, c’est un Premier Ministre qui demeure juridiquement responsable devant le Parlement, alors qu’à l’évidence Matignon est moins que jamais le lieu où se « détermine » et se « conduit la politique de la Nation ».

La révision de la constitution, que semble appeler de ses voeux le Président, ne peut pourtant aboutir à consacrer ce pouvoir personnel, c’est-à-dire à faire dépendre l’avenir du pays de la vision d’un seul. La République comme l’a rappelé François Hollande n’a « jamais connu l’autorité d’un seul pouvoir. Elle ne peut admettre que le partage des délégations et des attributions. Il faut en finir avec la confusion et aller vers un régime d’équilibre ».

Pendant la double mandature de Jacques Chirac, la responsabilité a été diluée pour ne pas dire effacée. Nicolas Sarkozy joue habilement de ce passif pour réclamer tous les pouvoirs afin, dit-il, le moment venu de tout assumer devant l’opinion.

Son projet n’est pas la poursuite de la Vème république. Son modèle, c’est celui du Consulat, c’est-à-dire une monocratie plébiscitaire. Pour ceux qui en doutaient encore, les vraies racines du nouveau président sont à rechercher, plus que du côté du gaullisme, de celui du bonapartisme.