Mauvaise conscience

Mauvaise conscience

clochards

C’est Jean-Marc Ayrault qui a utilisé les mots « mauvaise conscience » à propos des élus UMP qui s’interrogent sur le bienfondé du « bouclier fiscal« . Le poids de la culpabilité est sans doute plus lourd à porter en temps de crise, au point de devenir insupportable à certains. L’expression d’un remord est venu du démocrate chrétien, Pierre méhaignerie qui juge désormais opportun d’imposer davantage les revenus qui dépassent les 300 000€ annuels.

Les chiffres transmis par le ministère des Finances sur l’application du « paquet fiscal » sont édifiants. Le bénéfice moyen pour les heureux gagnants de la loterie gouvernementale est de 33 000 € par foyer ! Il faudrait suggérer aux zélateurs du Président de la République d’aller justifier ces exonérations auprès des salariés licenciés qui se battent pour des primes de 1000 €. Même Dominique de Villepin, inventeur de la formule en 2005 suggère désormais d’aménager le « bouclier fiscal« .

Malheureusement, la grâce ne semble pas avoir frappé une majorité à droite. Lors de la discussion du collectif budgétaire cette semaine, l’amendement socialiste de suppression du bouclier ne sera pas davantage adopté que l’amendement Méhaignerie. Le président Sarkozy n’a plus de cap, mais il maintient un dogme : le président ne peut pas avoir eu tort.

Alors vous lirez, verrez, entendrez toute la semaine, sur toutes les ondes et dans tous les journaux le porte-parole de l’UMP s’échiner à défendre l’indéfendable. Mentir est devenu son métier.

Il vous dira que le bouclier fiscal fait revenir les contribuables exilés sur des terres à la fiscalité moins hostile. N’hésitez pas à lui demander les noms de ceux qui sont rentrés. La presse n’en a trouvé qu’un seul, Denis Payre cofondateur de Buisiness objects.

Frédéric Lefebvre vous expliquera ensuite que dans le paquet fiscal, il n’y avait pas que le bouclier. L’essentiel des crédits utilisés sert à financer le dispositif relatif aux heures supplémentaires. Sous-entendu, ce ne sont pas les riches qui en profitent. Demandez-lui alors comment se répartissent les 4,3 milliards€. Ce que nous dit Bercy, c’est que 4,1 milliards correspondent aux exonérations de cotisations sociales des entreprises qui pratiquent les heures sup et 200 millions seulement à la défiscalisation dont profitent les salariés…

Si il est dans un grand jour, le député des Hauts-de-Seine osera peut-être un bobard énorme du genre « le paquet fiscal est un élément de justice fiscale« … Demandez-lui alors quelle justice inspire l’évaporation de 2 milliards d’euros  pour exonérer les grosses successions, ou  de 250 millions (3 milliards en période de croisière) de crédits d’impôts sur les intérêts d’emprunt immobilier qui ont bénéficié notamment aux 67 000 familles relevant des tranches d’imposition à 30 et 40%.

Au vu de ces chiffres, le temps devrait être celui des regrets.

Le problème c’est que comme le disait Nietzsche, « on vient plus facilement à bout de sa mauvaise conscience que de sa mauvaise réputation« . Puisqu’ils étouffent facilement leur mauvaise conscience, à nous de faire en sorte de contribuer à leur mauvaise réputation…