2 euros pour les RER : pourquoi je persiste et signe

2 euros pour les RER : pourquoi je persiste et signe

Les transports du quotidien ont trop longtemps été négligés. Les pouvoirs publics ont privilégié le tout TGV. Un record a été battu en la matière lors de la précédente législature avec le lancement simultané de 4 LGV, dont la construction impacte de manière durable nos finances publiques.

L’an dernier l’Etat, en la personne du Premier Ministre, a pris un engagement, celui de revoir les priorités. Un accord a été signé avec la région Ile-de-France. Y figurait notamment l’adjonction de 150 millions d’euros supplémentaires annuels pour financer l’allongement de lignes, la rénovation des lignes existantes.

L’amendement instituant une taxe régionale de 2 € par nuit d’hôtel en Ile-de-France permet de satisfaire cet engagement avec une recette attendue de 140 millions/an.

Pourquoi une taxe qui vise les touristes qui viennent en Ile-de-France? Parce que le tourisme dépend étroitement des conditions d’accueil des familles. Qui peut sérieusement plaider que les hôtels de première et seconde couronnes continueront de se remplir si les conditions de transport se dégradent? EuroDisney, première destination touristique de France demeurera-t-elle aussi attractive si le RER A connait des difficultés croissantes pour acheminer les familles?

Cette taxe rend-elle la destination France moins compétitive? Toutes les régions capitales européennes prélèvent une taxe de séjour supérieure à la nôtre.

Les entreprises touristiques seront-elles étranglées par la mesure? Si elles ne veulent pas augmenter les tarifs de deux euros, elles arguent du fait que cela réduira d’autant leurs marges. Ce n’est pas une obligation, mais cette hypothèse existe. Elles peuvent surtout renégocier leurs accords avec les sites de réservation qui sont beaucoup plus coûteux que les 2 € par nuitée. Enfin ces entreprises comme toutes les entreprises françaises bénéficient de la baisse historique de 41 milliards d’euros (CICE, allègement cotisation familiales patronales, disparition progressive de la C3S).

S’agit-il d’une nouvelle folie de socialistes taxophiles ? Les besoins sont tels que cette taxe régionale a été adoptée à l’unanimité des présents dans l’hémicycle.

Chacun le comprendra, voilà beaucoup de bruit pour un secteur touristique qui n’est pas menacé. Et malheureusement pas assez de bruit pour les millions de voyageurs quotidiens de nos trains, RER et métros franciliens dont la vie n’intéresse que les jours de grèves.

Il y a quelques jours l’éco-taxe poids lourds a été remplacée par des redevances de transit. Au delà du changement sémantique, c’est plus de 50% de recettes perdues. Aujourd’hui on nous dit que la taxe de séjour régionale de 2€ est insupportable. L’air de la chanson est désormais connu. C’est toujours trop. Il restera alors une solution : faire payer les usagers. C’est-à-dire celles et ceux qui n’ont pas d’autre choix que de vivre de leur travail. Dans ma circonscription il faudrait multiplier par 6 le prix des abonnements pour couvrir les dépenses de transport. Le RER deviendrait alors un moyen de déplacement inaccessible.

La politique c’est choisir. L’Etat s’est engagé. L’heure est à la prise de responsabilité. Je prends la mienne.


30/06/2014 Olivier Faure défend la taxe de… par olivierfaure