Quelque chose a changé…

Quelque chose a changé…

Journées parlementaires PAU

C’était il y a 29 ans. A Pantin, sous un chapiteau Barbara chante : « regarde quelque chose a changé, l’air semble plus léger, c’est indéfinissable ». La foule frémit. La voix griffée reprend : « un homme une rose à la main, étoile à son destin… » Le public applaudit pour manifester son émotion. François Mitterrand a remporté l’élection présidentielle quelques semaines auparavant.

Pau, Septembre 2010. Les députés et sénateurs socialistes se réunissent pour leurs journées parlementaires. Un an plus tôt à Toulouse, l’ambiance était morose. Le PS n’était plus qu’un «  grand cadavre à la renverse » selon Bernard Henri Levy. Un an plus tard, « quelque chose a changé, l’air semble plus léger». Nul ne connaît encore le visage de la femme ou de l’homme qui, une rose à la main, reprendra la route ouverte par François Mitterrand, mais…

Il est 22 heures un orchestre de bandas commence à jouer. Certains s’inquiètent de la présence des caméras de Yann Bartès pour le petit journal de Canal +. L’image, toujours l’obsession de l’image.
Les préventions et les prudences tombent vite. L’esprit de fête submerge l’assemblée. Les serviettes tournent autour des têtes. Les parlementaires entament une chenille et dansent le « Paquito ». Philipe Martin (député du Gers) s’est saisi de la grosse caisse et intègre l’orchestre. Jean Glavany (ancien ministre, député de Tarbes) et Michel Vauzelle (ancien ministre, député d’Arles), aficionados des corridas sont debout sur leur table. Marylise LeBranchu (ancienne ministre, députée du Finistère) attrape les épaules de ses voisins et chaloupe au rythme des Bandas. Henri Gibrayel, (député de Marseille) entraine Danielle Hoffmann (députée de Paris) dans un rock . Jean-Yves Le Bouillonnec (député de Cachan) s’improvise professeur de tango. François Brottes député de l’Isère fait voltiger les collaboratrices du groupe. Même Pierre Moscovici plus connu pour son flegme (ancien ministre, député de Montbéliard) entre dans la farandole.

Juré, craché, rien n’a été préparé ni mis en scène. Spontanément, les députés et sénateurs socialistes étaient heureux de  se retrouver ensemble. Dehors sur la terrasse qui domine la chaine des Pyrénées, les conversations entre fumeurs confirmaient l’état d’esprit général. L’envie de gagner est revenue. Mieux, le sentiment s’est diffusé que la confrontation entre les différents candidats aux primaires ne se soldera pas par un pugilat général. La confiance revient. Pas encore celle des Français, mais déjà celle des socialistes : de grandes choses sont à nouveau possibles ensemble. Dans un parti traumatisé par ses défaites successives à l’élection présidentielle, ce n’est déjà pas si mal.

Il y avait jusqu’à l’année dernière une malédiction qui planait sur les journées parlementaires. Chaque fois ou presque, la réunion avait été « parasitée » par les évènements. Une année la cassette Mery s’était invitée à Lyon. Une autre, c’est la déclaration de candidature de Ségolène qui semait le trouble à Nevers, une autre encore, c’est la sortie du livre de Lionel Jospin, « l’impasse », qui couvrait la manifestation à Paris. L’an dernier, c’est le vote du référendum interne sur les primaires et sur le cumul des mandats qui avait surplombé les débats et anéanti médiatiquement la communication du groupe.

Le ciel bleu de Pau aurait donc du concourir à des reprises fortes de la presse sur nos propositions pour « mettre la République à l’endroit ». Ce n’est pas tout à fait ce qui s’est passé. Les rédactions se sont focalisées sur les journées de Biarritz, celles de l’UMP, où les rivalités et la brutalité des ambitions attirent davantage la lumière médiatique. Pour une fois, personne ne regrettera le traitement comparatif. Si c’est pour vivre heureux, les socialistes veulent bien vivre encore un peu cachés…