Les allumettes d’Hortefeux

Les allumettes d’Hortefeux

burqa

Comme souvent, l’histoire commence par une humiliation. Celle que Nicolas Sarkozy a infligée à son ami Brice Hortefeux, en proclamant urbi et orbi qu’il avait « tué le métier » de ministre de l’intérieur après son brillant passage place Beauvau.

Piqué au vif, Brice Hortefeux s’est lancé dans l’instrumentalisation d’un fait divers au prix d’un festival d’approximations et d’amalgames indignes de sa fonction. Plus grave, obsédé par la polémique qu’il avait engagé avec ce mari islamiste de Nantes, il a passé le week-end en occultant un autre fait divers qui aurait pu se révéler tragique, celui du mitraillage de la mosquée d’Istres.

Les Français ont adressé un message clair lors des élections régionales. Ils souhaitent une inflexion  de la politique conduite et une modification du style présidentiel. Les Français ont demandé plus de gauche. Au lieu de quoi, le « retour aux fondamentaux » prôné par Jean-François Copé se traduit par une « droitisation » des propos et la multiplication des gesticulations médiatiques.

Les arrières-pensées électoralistes sont si apparentes et grossières que nous pourrions nous contenter de les relever pour éviter de répondre. Mais aussi anecdotique soit la question, elle existe et maintenant qu’elle sature le débat public, ne nous défilons pas : soldons cette affaire de burqa.

Personne ne la défend. Ni à gauche ni à droite. Ni les musulmans pour lesquels ce n’est pas une prescription religieuse. Le consensus républicain doit être recherché. Ce qui suppose une discussion sincère sans la pression de l’urgence, sans préalable (celui d’une loi d’interdiction générale), applicable sur le terrain et constitutionnelle. Le Conseil d’Etat a ouvert une voie qui peut permettre de concilier la nécessité de se dévoiler dans les services publics et dans les lieux où existent des risques particuliers d’atteinte à l’ordre public et la protection des libertés qui a conduit à éviter jusqu’ici dans notre droit toute mesure d’interdiction générale.

La tentation de la surenchère qui a jusqu’ici prévalu au gouvernement et à l’UMP ne peut conduire qu’au pire. La division des Républicains et la probable censure par le Conseil constitutionnel offriraient une victoire éclatante aux islamistes dont la burqa deviendrait définitivement l’étendard.