Cours président, le vieux monde est derrière toi !

Cours président, le vieux monde est derrière toi !

 

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« Cours président, le vieux monde est derrière toi ». C’est ce que Nicolas Sarkozy a dû penser le 25 septembre dernier quand il a découvert l’usage du mot « régulation ».  Pour ne pas se laisser rattraper par la crise financière, Nicolas Sarkozy a choisi de couper sans délai tous les ponts idéologiques avec les libéraux anglo-saxons dont il s’est toujours inspiré. Ses odes de l’an passé  au crédit hypothécaire, formule francisée des subprimes  ont été remisées au profit d’une nécessaire « refondation du capitalisme ». Rien n’est trop gros. Aucun de ses homologues libéraux n’a eu autant d’estomac. Nicolas Sarkozy a un avantage sur tous les autres, il n’a pas les scrupules encombrants.

Devons-nous blâmer un nouveau converti ? Ne devons-nous pas nous réjouir de voir le président de la République rejoindre la confrérie social-démocrate ? La question n’est finalement pas si stupide. Nous sommes de gauche et nous croyons volontiers à la capacité de chaque homme à s’amender… Hélas, le tournant affiché depuis le discours de Toulon ne peut tromper personne. La plasticité des discours de Nicolas Sarkozy n’a d’égale que la rigidité de ses actes. Seul les paroles changent pour épouser l’air du temps, mais la politique du gouvernement, elle, ne varie pas. Il y a deux Nicolas Sarkozy. Celui qui parcourt le monde animé des meilleures intentions et celui qui, à domicile, ne renie rien de ses erreurs passées.

L’épreuve de vérité pour le gouvernement, c’était aujourd’hui lors de la présentation de la loi de Finances pour 2009. La crise aurait dû bouleverser ses priorités budgétaires. Il est au contraire « droit dans ses bottes »… Tout change, un monde s’écroule, mais la droite n’a pas jugé utile de réviser ses plans.

Les hypothèses de croissance sont irréalistes et le rendez-vous avec la vérité est encore repoussé. Plus grave le plan de soutien aux ménages et aux entreprises qui aurait dû accompagner le plan européen de sauvetage des banques n’existe pas. La récession n’est pourtant pas virtuelle, elle est là. La croissance est au point mort. Le pouvoir d’achat des français et l’investissement des entreprises sont en panne. Les milliards d’euros qui manquaient ont été trouvés pour recapitaliser les banques , mais pour l’emploi, le logement, la recherche, les collectivités locales, les PME, rien n’est venu. Rien.

Nicolas Sarkozy ne connaît en réalité ni regrets ni remords. Les adaptations sémantiques sont ses seules concessions. La preuve : Le paquet fiscal qui ôte toute marge de manoeuvre? il n’y sera pas touché. La Poste ? il est toujours question de la privatiser. Les allègements de cotisations sociales pour les entreprises ? Ils demeureront sans contrepartie alors qu’il serait urgent de les conditionner à l’augmentation des salaires. La régulation du marché du travail ? La prochaine réforme sera de supprimer l’interdiction de bosser le dimanche… Même la morale n’y trouvera pas son compte. Le bouclier fiscal sera maintenu pour les traders, les spéculateurs et autres rentiers.

Nicolas Sarkozy est rapide. Alors qu’il avait imprudemment proclamé la « victoire idéologique » de la droite il n’a pas voulu, la crise survenue,  se laisser engloutir par la faillite des thèses libérales. Mais la virtuosité de ses mots ne remplace pas une politique. La droite n’a renoncé à rien parce qu’elle y perdrait sa raison d’être. Elle se contente d’attendre la fin de l’orage à l’abri d’idées qui lui demeurent étrangères.