Le nouveau président est arrivé? Leçon de communication 1

Le nouveau président est arrivé? Leçon de communication 1

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Le 16 mars, les Français ont adressé un message clair. Par delà les enjeux locaux, nos concitoyens ont sanctionné la politique conduite par Nicolas Sarkozy depuis 10 mois.

La réponse du pouvoir est stupéfiante. L’entrée de quelques proches du président au gouvernement et l’exil de David Martinon aux Etat-Unis, tiennent pour le  moment de viatique au Président.

François Fillon et ses ministres entonnent un couplet étonnant : la crise financière s’est arrêtée aux frontières de la France comme hier les nuages radioactifs venus de Tchernobyl contournèrent opportunément la France. L’Insee, le FMI, la Commission européenne, la plupart des économistes ont beau alerter sur la situation du pays, madame Lagarde le répète à l’envie : tout va très bien. Les Français ont voté, mais le Premier ministre croit pouvoir rester droit dans ses bottes. Il faut « tenir le cap » dit-il. Il se refuse à tout changement qu’il assimile à une forme de « pilotage à vue ». En bref, le mur a beau se préciser, François Fillon ne veut pas dévier de la route que la droite s’était fixée. Seule concession à la critique, il suggère du bout des lèvres que les Français seraient impatients. Sous entendu, leur vote n’exprime qu’une volonté d’aller plus vite…

Le président amorce lui une rectification d’image. Il a remisé les Ray-ban, changé de montre et s’abstient de faire shopping et jogging devant les caméras. Il marche désormais seul dans la neige, se recueille plus souvent qu’à son tour. Le silence remplace l’omniprésence y compris sur les sujets comme la répression chinoise au Tibet qui aurait pour une fois justifié une parole plus dense.
Le mariage avec Carla Bruni tombe finalement à pic. Les spin doctors du président le répètent à toutes les rédactions : qui mieux que la 1ere dame de France peut conduire le président à trouver une sérénité qui lui faisait défaut jusqu’alors ? Et déjà la presse de s’enthousiasmer pour Carla, moins bohême qu’on ne le crût et dont l’éducation bourgeoise aidera – croit-on anticiper – le président à tenir son rang. Les journalistes comme les lecteurs adorent les belles histoires. C’est en tout cas ce que pensent les communiquants de Nicolas Sarkozy.

C’est tout le problème de la droite, elle croit qu’elle a perdu les élections municipales parce que sa machine communicationnelle s’est, au choix, emballée ou enrayée.

La vérité chacun la connaît. Les Français ont exprimé une défiance sur le style et la méthode présidentiels. Ils ont également marqué des doutes sérieux sur la politique conduite et leur inquiétude sur les réformes engagées.

Au cours des prochains mois, la droite promet une avalanche de textes. Le régime de nos retraites, le système de santé, nos institutions, l’avenir de l’audiovisuel public, la modernisation de notre économie vont faire l’objet de nouvelles dispositions. La gauche, renforcée dans son rôle d’opposition et stimulée dans son devoir de proposition ne sera pas en reste. Le parti socialiste prépare sa rénovation. Trois groupes de travail sont lancés. Les groupes parlementaires se réorganisent et préparent l’alternative sur tous les textes.

Une nouvelle étape s’ouvre dans le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce sera celle d’un rééquilibrage entre majorité et opposition. En moins d’un an, Nicolas Sarkozy a fait la démonstration de ses propres limites. Tout le reste dépend maintenant de nous.